Refus de pilule du lendemain en Italie : une infirmière évoque l’objection de conscience

Publié le 10/10/2014
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Crédit photo : PHANIE

Un rapport sexuel non protégé, la peur de tomber enceinte, une course contre la montre aux urgences pour ne pas dépasser le délai fatidique des 72 heures et une infirmière contre la pilule du lendemain.

Cela s’est passé à Voghera, dans la province de Pavie au nord de la péninsule. Deux fois de suite à quelques jours d’écart, deux jeunes filles âgées d’une vingtaine d’années sonnent à la porte des Urgences en pleine nuit. Elles veulent voir un gynécologue. L’infirmière les interroge, commence à discuter d’éthique, de l’importance de sauver une vie humaine.

Les adolescentes insistent et réclament la pilule du lendemain appelée aussi contraception d’urgence, à base de lévonorgestrel. Mais l’infirmière est inflexible et refuse de les laisser rentrer dans la salle d’attente. La discussion ayant eu lieu devant d’autres patients, les jeunes filles, mal à l’aise, repartent. Le lendemain, elles retentent leur chance. Mais cette semaine-là, l’infirmière de garde était toujours la même. À bout d’arguments, les adolescentes abandonnent.

Pour des raisons éthiques

Un médecin de garde et l’infirmière en chef portent plainte provoquant l’ouverture d’une enquête de la direction sanitaire de l’hôpital. « J’ai tout simplement essayé de les convaincre de l’importance de sauver une vie humaine. Je l’ai fait pour des raisons d’éthique, j’ai fait ce que me dictait ma conscience », a déclaré l’infirmière qui a été entendue par la direction. Elle a ajouté qu’elle est catholique et pratiquante mais que tout cela n’a rien à voir avec la religion.

« Nous aussi infirmiers et infirmières, nous avons un code éthique et nous devons dialoguer avec les patients si nous le jugeons opportun », a ajouté la jeune femme. Soit. Mais dans un pays où le nombre de gynécologues objecteurs de conscience atteint un chiffre record - quasiment 80 % au niveau national - soit 7 sur 10 - cet épisode est la goutte d’eau pour les spécialistes qui défendent la liberté de choix. La situation de l’infirmière est compliquée. Les jeunes filles disent avoir été menacées par l’aide soignante qui ne leur a pas expliqué, que la pilule est en vente libre dans les pharmacies italiennes et ne coûte que quelques dizaines d’euros. Encore une faute professionnelle selon la direction sanitaire de l’hôpital.

Selon une source hospitalière, la direction a trois options : muter l’infirmière dans un autre service, la relever temporairement de ses fonctions à titre de punition, lui envoyer un avertissement par lettre recommandée. La décision devrait être prise d’ici la semaine prochaine.

Ariel F. Dumont à Rome

Source : lequotidiendumedecin.fr