Effectifs en baisse, salaires qui stagnent

Rentrée difficile pour les médecins scolaires

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Publié le 12/09/2016
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MED SCOLAIRE

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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Il y a un an déjà, les médecins scolaires tiraient la sonnette d'alarme au sujet de la dégradation de leurs conditions de travail. En cette rentrée 2016, la situation ne s'est guère améliorée : les médecins scolaires souffrent d'une démographie en berne et d'un manque de reconnaissance statutaire et financière.  

« Les effectifs sont les mêmes que l'an dernier, il y a 12 millions d'élèves et nous sommes environ un millier de médecins, voire moins, car certains collègues sont partis en juin », se désole le Dr Marianne Barré, secrétaire générale du Syndicat national des médecins scolaires et universitaires (SNMSU-UNSA Éducation).

En une décennie, l'horizon s'est assombri. « En 2006, on dénombrait encore 2 000 médecins scolaires dont 800 non titulaires », précise de son côté le Dr Patricia Colson, secrétaire générale du Syndicat national des médecins de santé publique de l'éducation nationale (SNAMSPEN, rattaché au SGEN-CFDT). En 2014, le ministère recensait de son côté 23 % de postes vacants…

Urgence de recruter

« Nous sommes trop peu nombreux, les besoins d’expertise médicale augmentent et il y a davantage d'administratif qu’auparavant, ce qui nous éloigne des élèves et de notre activité médicale de soins et de détection des problèmes. C'est une cause de départ des médecins en poste », argumente le Dr Colson, qui qualifie pourtant son métier de « passionnant » et de « très riche ».

Les syndicats appellent de leurs vœux une politique active de recrutement et de titularisation. Et le SNAMSPEN souhaite que ce recrutement ne soit plus laissé au bon vouloir des académies. La pénurie de médecins scolaires oblige en effet les praticiens en poste à « prioriser », ce qui a des répercussions sur toute l'équipe de soins. Fin juillet, deux syndicats d'infirmières ont ainsi été reçus au ministère de l'Éducation nationale. Ils dénonçaient le contournement d'un arrêté de novembre 2015, qui garantit à tous les enfants de 6 ans le droit à une visite médicale et de dépistage obligatoire. Selon l'arrêté, cette visite doit être réalisée par un médecin. « Force est de constater que certaines académies tentent de contourner son application et demandent aux infirmières de remédier [...] face à la pénurie de médecins scolaires », dénonce un communiqué de presse intersyndical.

Rémunération dissuasive

Les médecins scolaires demandent parallèlement de vraies avancées salariales. Avec 2 105 euros brut en indiciaire en début de carrière – et 4 485 euros brut, à condition d’accéder à la première classe, en fin de carrière – les émoluments restent inférieurs à ceux des autres praticiens de la fonction publique. 

Un geste a été fait en novembre 2015 avec une indemnité exceptionnelle de 600 euros versée début 2016 aux médecins dont la charge de travail a été augmentée. Les indemnités annuelles des médecins scolaires avaient aussi été revalorisées au plafond réglementaire de 8 000 euros brut (contre 6 450 euros brut par an en moyenne). Une hausse qualifiée de « peau de chagrin » par le Dr Barré (SNMSU).

« Le salaire est un énorme frein au recrutement, pour les jeunes comme pour des médecins expérimentés qui voudraient passer le concours, insiste le Dr Barré. Ils sont intéressés par le métier mais effrayés par le niveau de rémunération ! »

Les syndicats de médecins scolaires ont alerté Manuel Valls à plusieurs reprises sur la situation de leur métier en déshérence. Fin août, la ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem a assuré que « l’effort budgétaire sera[it] poursuivi à la rentrée 2016, avec la création d’emplois d’assistantes sociales et de personnels de santé », afin de renforcer la prévention dans les écoles maternelles et primaires. Elle a également instauré le parcours éducatif de santé (PES) pour préparer les élèves à devenir des « citoyens responsables en matière de santé individuelle et collective ».


Source : Le Quotidien du médecin: 9516