LILIANE BETTENCOURT est à la tête d’une fortune évaluée à quelque 14 milliards d’euros et à ce titre, c’est l’une des premioères contribuables de France. Elle fait la couverture des magazines depuis qu’un sérieux différend l’oppose à sa fille qui affirme que, à 88 ans, elle n’a plus toute sa tête. Mme Bettencourt, en effet, s’est prise de sympathie pour un photographe mondain aujourd’hui âgé de 62 ans, François-Marie Banier, à qui elle a fait des dons d’une largesse infinie puisqu’ils sont évalués à près d’un milliard d’euros. La fille et héritière de Liliane, Françoise Meyers-Bettencourt, intente donc un procès pour mettre un terme à une générosité qu’elle juge maladive et, peut-être pour récupérer les sommes allouées à M. Banier. Liliane Bettencourt se défend bec et ongles en affirmant qu’elle sait ce qu’elle fait et qu’elle utilise sa fortune comme bon lui semble.
Pratiques fiscales.
Dépourvu de tout scrupule, le majordome de Mme Bettencourt, sans doute saisi par le vertige que lui a donné tant d’argent auquel il n’avait pas accès, a cru bon d’enregistrer des conversations confidentielles de sa patronne. Les enregistrements sont arrivés au site Internet Mediapart, qui en a diffusé des extraits. Les propos qu’on y entend laissent apparaître diverses choses qui indiquent des accointances en haut lieu et peut-être des pratiques fiscales contestables. Or il se trouve que l’épouse de M. Wœrth s’occupait de la comptabilité personnelle de Mme Bettencourt. Le scandale, s’il existe, viendrait de ce que Florence Wœrth exerçait une profession incompatible avec celle de son mari, lorsqu’il était ministre du Budget et s’occupait activement d’évasion fiscale.
Depuis que ces quelques faits ont été révélés, Liliane Bettencourt a annoncé qu’elle rapatriait en France les capitaux dont elle disposait en Suisse. Florence Wœrth a démissionné de son poste. Comme on l’imagine sans peine, les critiques ont plu sur le couple, le gouvernement est embarrassé, la position du ministre en tant que réformateur en chef des régimes de retraite est affaiblie. Toutefois, la gauche n’a pas tiré à boulets rouges sur M. et Mme Wœrth et a évité de transformer l’affaire en casus belli. Sauf Arnaud Montebourg, coutumier des éclats médiatiques, qui exige la démission d’Éric Wœrth. Depuis mardi matin, on assiste à une contre-offensive en règle de la droite, qui se déclare outrée par le comportement, forcément excessif, de M. Montebourg. Tour à tour, le président de l’Assemblée, Bernard Accoyer, le chef de la majorité à l’Assemblée, Jean-François Copé, et le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand s’en sont pris à la violence des propos de M. Montebourg, tout en soulignant qu’il allait bien au-delà de la prudence du parti auquel il appartient.
L’OPINION N’EN PEUT PLUS : IL YA TROP D’AFFAIRES
L’opinion n’en sera pas moins consternée. Mme Bettencourt et ses conseillers n’ont pas répondu l’année dernière à l’appel lancé par le gouvernement pour que les détenteurs de capitaux illégalement placés à l’étranger fussent rapatriés et ne s’y sont décidés qu’à cause du vacarme médiatique ; Florence Wœrth n’a pas vu le conflit d’intérêts entre ses activités et celles de son époux et n’a démissionné que sous la contrainte morale. Bien entendu, ce n’est pas la première affaire où l’argent et la politique sont intimement mêlés. Ces derniers jours, il y a eu les frais de cigares de 12 000 euros de Christian Blanc, secrétaire d’État au Grand Paris, l’appartement de fonction de Fadela Amara occupé par sa famille, les deux appartements de fonction de Christian Estrosi, ministre de l’Industrie, le cumul salaire-retraite de Christine Boutin et de quelques membres du gouvernement, le régime spécial (et combien avantageux) de retraite des parlementaires, et on en passe. Bref, les Français ont le sentiment que leurs dirigeants ne partagent pas leurs difficultés et même qu’ils en prennent à leur aise.
On croit certes deviner que les enregistrements du majordome, malhonnête et pervers, de Mme Bettencourt, ne sont pas arrivés par hasard sur un site qui milite ardemment contre le pouvoir. On devine l’avantage politique qu’il peut y avoir à discréditer le ministre chargé de la réforme des retraites : c’est comme si, incapables d’empêcher cette réforme par le simple jeu des forces politiques et syndicales, quelques uns ont trouvé cette parade fondée sur un délit qui relève des tribunaux. On comprend que la gauche, dans son sens le plus large, n’ait pas envie de s’associer aux outrances rituelles de M. Montebourg. On ira même jusqu’à continuer à croire que M. Wœrth est un bon ministre, qu’il connaît fort bien ses dossiers, qu’il s’explique parfaitement sur son action et qu’on ne voit pas qui pourrait le remplacer au pied levé pour achever cette réforme dont continuons à croire qu’elle est indispensable.
Mais, décidément, il faut beaucoup de patience avec ce pouvoir. Il y a trop d’affaires. Et si les retraites doivent être réformées, il reste à savoir si cette équipe dirigeante est réformable.
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