L’AVERSION politique, syndicale et populaire qu’inspire la réforme est à la fois largement partagée et profonde. Elle s’inscrit davantage dans le conflit qui oppose le pouvoir à une majorité du peuple que dans le raisonnement budgétaire et social. Les partis de gauche réclament un référendum dont ils connaissent à l’avance le résultat. Le gouvernement peut-il engager de nouveau une concertation susceptible de convaincre les plus enragés des opposants ? Deux raisons principales l’empêchent de faire des concessions généreuses. La première est de nature politique : ce n’est que dans l’aboutissement de la réforme qu’il a proposée, qui n’est pas parfaite mais réduira de façon considérable le déficit du régime, que Nicolas Sarkozy peut consacrer la modernisation du pays et en faire le tremplin de sa candidature à un second mandat. La seconde est liée aux contraintes budgétaires : si la réforme ne diminue pas sensiblement les dépenses de l’État, personne ne sera dupe, ni la majorité actuelle ni l’opposition ni les agences de notation et la France sera aussitôt rangée dans la catégorie des États européens en situation précaire. Elle risque de perdre les atouts qui lui restent ou que l’on lui reconnaît encore.
Le coût d’éventuelles concessions.
Le raisonnement du gouvernement n’est pas simpliste et nous sommes de ceux qui continuent à l’approuver. Accélérée par la crise, la crise des régimes de retraite est fondamentalement démographique. Dès lors que nous vivons plus longtemps, une retraite commencée à soixante ans va durer plusieurs années de plus qu’autrefois, ce qui, rappelons-le, est une excellente nouvelle. Le déficit des régimes est tel qu’ils ont besoin d’un remède de cheval. Les concessions faites par le pouvoir dans le cadre de la négociation coûtent déjà un milliard par an. D’autres concessions, par exemple, le droit des femmes de partir à la retraite à 65 ans avec une pension à taux plein, coûteront plus cher. La réforme pose un problème essentiel : celui du financement. Un meilleur financement exige fatalement des sacrifices.
Le « non » catégorique adressé par une majorité de Français à cette réforme est viscéral, intransigeant, colérique. La démagogie aidant, la gauche et les syndicats font des contre-propositions toutes axées sur une taxation accrue des riches et des entreprises. Mais on prendrait aux riches (qui sont-ils ?) toute leur fortune qu’on ne financerait pas durablement les régimes des retraites ; quant aux entreprises, leur demander un effort fiscal supplémentaire reviendrait à les décourager, à les priver des sommes qu’elles pourraient investir et à ne pas embaucher. On peut penser ce qu’on veut de cette législature, il demeure que le gouvernement s’efforce sans cesse de réformer sans porter atteinte au pouvoir d’achat des Français, seul moteur de la consommation et donc de la croissance.
SI SARKOZY RETIRE SA RÉFORME, C’EN EST FINI DE SA CARRIÈRE
Cela dit, est-il possible de faire boire un âne qui n’a plus soif ? La gauche fait une bonne démonstration en réclamant un référendum : la réforme n’aurait aucune chance de passer si elle était soumise aux voix populaires plutôt qu’aux élus. Les syndicats citent une référence : le CPE de Dominique de Villepin, qui a été adopté par le Parlement mais n’a jamais été appliqué. S’agit-il d’un cas unique ou d’un précédent ? De son côté, le gouvernement pourrait rappeler que l’abolition de la peine de mort a été adoptée en octobre 1981 contre la volonté du peuple. Sauf que la retraite concerne chacun des 63 millions de Français, que des jeunes de moins de trente ans y pensent déjà, que la réforme a creusé de nouveaux clivages, comme ce reproche insensé adressé aux retraités qui vivraient tous dans le confort en tirant profit du travail des jeunes, comme s’ils n’avaient jamais été jeunes et n’avaient pas cotisé pour de plus âgés qu’eux.
Nicolas Sarkozy a engagé, avec courage mais aussi témérité, un bras-de-fer dont il n’est pas sûr de sortir vainqueur. C’est une sorte de tout ou rien : il retire sa réforme et c’en est fini de sa carrière ; il l’impose et il sera applaudi (surtout à l’étranger) pour sa résistance, sa constance et son talent de réformateur. Mais le dernier fait d’armes de son mandat risque de laisser des traces indélébiles.
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