À la clinique Pie XI de Rome, les médecins ne badinent pas avec les maux de ventre ! L’ambassadeur de Russie, Sergey Razov, l’a appris à ses dépens. Les petites douleurs de son épouse lui ont coûté 18 000 euros. Certes, cet établissement partiellement conventionné et situé à deux pas du Vatican, reçoit les Monsignori et même les papes. Trois mois avant de démissionner, Benoît XVI y a été opéré du cœur en grand secret. Mais ce blason ne justifie pas une addition aussi salée, estime le diplomate qui vient de saisir l’Ordre des médecins et le ministère de la Santé transalpins.
L’affaire remonte à fin octobre. Un matin, l’épouse de Sergey Razov se réveille avec des douleurs à la ceinture abdominale, au dos et à la jambe gauche. L’ambassadeur contacte un ami qui lui conseille de consulter un spécialiste exerçant à la clinique Pie XI. Après avoir examiné la patiente, le « professore » opte pour la solution d’une hospitalisation de 24 heures. Le temps, explique-t-il au mari inquiet, « d’effectuer un check-up en profondeur », tout en prescrivant une liste d’examens et de visites médicales aussi épaisse que l’Évangile de Judas ! Le lendemain, six spécialistes examinent la patiente : un cardiologue, un angiologue, un gastroentérologue, un anesthésiste, un oncologue. Et dans la foulée, un orthopédiste car mieux vaut être prudent, estime le professeur !
Examens à gogo
Entre deux visites, la pauvre femme subit des examens plutôt lourds comme une coloscopie avec biopsie, une gastroscopie, une fibroscopie œso-gastro-duodénale. Et aussi des examens de sang et d’urine, un écho-doppler accompagné d’une simple échographie, une IRM de la colonne vertébrale et une autre du cerveau avec injection d’un produit de contraste, une radiographie des coronaires. Enfin, une densitométrie osseuse qui pourrait peut-être expliquer, selon le spécialiste, l’origine des douleurs abdominales.
La facture pour ces examens s’élève à 8 000 euros, celle de chaque médecin à 350 euros et les frais d’hospitalisation à 642 euros. Cerise sur le gâteau : l’ambassadeur a dû payer 19,52 euros au titre d’accompagnateur. Quant au spécialiste qui a dirigé « l’opération Russie », il a évalué sa consultation à 5 000 euros et à 2 000 euros la présence de son assistant durant le colloque avec l’ambassadeur et son épouse. Plus TVA, bien sûr.
« Vu le montant de la facture, le spécialiste aurait pu établir un diagnostic ou, pour le moins, rédiger un compte-rendu du check-up ! », a déclaré l’ambassadeur dans une lettre adressée à l’Ordre des médecins. Le diplomate a également demandé des explications sur les honoraires réclamés par le spécialiste et le type d’examens prescrits. « Étant d’origine russe, nous ne comprenons pas s’il est normal en Italie que des examens aussi poussés et surtout aussi coûteux soient prescrits pour de simples maux de ventre », a ajouté l’ambassadeur. Une façon très diplomatique de dire que la clinique a voulu le plumer
L’Ordre de médecins a ouvert une enquête tandis que le ministère de la Santé a expédié la brigade financière dans les locaux de la clinique.
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