Un sujet de 26 ans atteint de la rougeole et immunodéprimé est décédé, a annoncé Santé publique France dans son bulletin épidémiologique sur la rougeole du 27 juin 2018. Il s'agit du deuxième décès lié à cette maladie depuis le début de l'année. Un sujet de 17 ans, également immunodéprimé, a lui un « pronostic réservé ». Ces cas rappellent l'importance d'une couverture vaccinale suffisante pour conférer une protection collective. Ces deux cas ont probablement été contaminés par des proches non vaccinés.
Vacciner l'entourage des personnes à risque
« Nous avons un nouveau décès d'une personne jeune en France qui était parfaitement évitable », se désole le Dr Denise Antona, médecin épidémiologiste à Santé publique France, interrogée par le « Quotidien ». Elle souligne que « l'entourage immédiat des personnes immunodéprimées, qui ne peuvent pas fabriquer d'anticorps contre le virus, doit impérativement être vacciné pour les protéger ». Tout comme l'entourage des enfants de moins de 1 an et des femmes enceintes. « Les personnes ayant eu la rougeole ou ayant été vaccinées, mais sous immunosuppresseurs perdent leurs anticorps et sont de nouveau à risque », précise le Dr Antona.
« Les médecins généralistes et les pédiatres doivent vérifier le statut vaccinal de leurs patients et être extrêmement vigilants concernant l'entourage des personnes à risque », insiste le Dr Antona.
Santé publique France rappelle l'importance de protéger les personnes âgées de plus de 1 an et nés après 1980 avec le vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole.
Plus de 2 500 cas
Depuis novembre 2017, plus de 2 500 cas de rougeole ont été signalés, avec 22 % d'hospitalisation. « Cette recrudescence est liée à une couverture vaccinale insuffisante en France, ce qui permet la circulation du virus au sein de populations susceptibles d'être infectées par la rougeole. L’accumulation de personnes susceptibles permet alors l’émergence d’un nouvel épisode épidémique », indique le Dr Antona. Une épidémie de grande ampleur avait été observée en France métropolitaine entre 2008 et 2012.
Un pic a été observé fin mars : durant la semaine du 26 mars au 1er avril, pas loin de 200 cas ont été recensés. « Il s'agit de l'histoire naturelle de la maladie, la rougeole est une maladie qui prédomine en hiver et au printemps », précise le Dr Antona. Depuis quelques semaines, la moyenne des cas déclarés est de 50 cas hebdomadaires.
Des disparités régionales
Santé publique France montre également des disparités régionales. « Certains départements ont une meilleure couverture vaccinale, favorisée par exemple par une politique vaccinale très active relayée par les centres de Protection maternelle et infantile (PMI) et les praticiens de ville », explique le Dr Antona, soulignant d’autre part l'influence négative des ligues antivaccinales plus prégnante dans certaines régions. « La couverture vaccinale est ainsi plus basse dans la moitié sud de la France, où l'on observe un nombre plus important de cas », commente le Dr Antona.
Les jeunes enfants sont les plus touchés, avec une incidence de 27,2 cas/100 000 habitants chez les moins de 1 an.
Par ailleurs, la vaccination post-exposition peut être réalisée jusqu'à 3 jours après avoir été en contact avec une personne infectée chez les personnes à risque. Sinon, pour les sujets à risque et ne pouvant bénéficier d’un vaccin, une injection d'immunoglobulines doit être proposée dans les 6 jours suivant le contage.
Dans ce contexte de circulation active du virus de la rougeole, Santé publique France a publié un guide adressé aux professionnels de santé « Recrudescence de la rougeole - 2018 - Repères pour votre pratique ».
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