Santé au travail : la CFDT et le Medef réclament l'accélération de la vaccination des salariés

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Publié le 04/05/2021
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Crédit photo : Phanie

La médecine du travail joue-t-elle pleinement son rôle dans cette campagne de vaccination ? À écouter Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT et Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, la réponse est très mitigée. Lors d'un déplacement commun dans un centre médical inter-entreprise à Paris (CMIE Europe), les leaders syndicaux, très critiques, ont réclamé de concert l'accélération de la vaccination des salariés volontaires par les services de santé au travail (SST).

Rappelant un bilan datant de dix jours, seules 43 000 doses de vaccins ont été administrées par ces services, ont indiqué les deux syndicalistes. « Les services de santé au travail sont insuffisamment insérés dans le processus en termes de santé publique », a déploré Laurent Berger qui appelle les pouvoirs publics à leur faire davantage confiance. D'autant que 85 % des salariés se disent favorables à la mise en place d'un dispositif de vaccination sur leur lieu de travail, selon une enquête réalisée pour la CFDT par l'institut Kantar et publiée la semaine dernière.

« Potentiel énorme »

« Il y a un potentiel énorme de vaccination », a reconnu de son côté le patron du Medef. Comptant sur le volontariat des médecins et infirmiers des services de santé au travail (SST) pour administrer les vaccins, « plusieurs millions de salariés pourraient être vaccinés ». Prenant l'exemple du CMIE Europe où il se trouve, « il y a un potentiel de 60 000 salariés de plus de 55 ans et on en a vacciné que 3 000 », a-t-il regretté.

Selon ces deux organisations syndicales, les freins sont de deux ordres : le manque de vaccins disponibles et le nombre restreint de salariés éligibles à la vaccination.

À l’instar des médecins généralistes, les médecins du travail doivent se rapprocher de la pharmacie d'officine de leur choix, pour s'identifier et se procurer des doses des vaccins AstraZeneca et Janssens sous le même régime de contingentement.

Résultat : « Chaque médecin n'a reçu qu'un flacon d'AstraZeneca pour cette semaine et sur certaines semaines, il n'y avait aucune dose. Quant à Janssens, on a eu 25 flacons soit 125 doses livrées alors qu'on est sur une moyenne de 300 vaccinations par semaine, c'est totalement insuffisant », a témoigné Catherine Sulitzer. La présidente du CMIE Europe a expliqué que les 100 vaccinateurs dont 80 médecins de son centre pouvaient vacciner jusqu'à 163 000 salariés tous les trois mois « s'ils disposent suffisamment de doses ». Par ailleurs, sur les 380 000 salariés suivis par son centre, seuls 60 000 (les plus de 55 ans) sont éligibles à la vaccination, ce qui reste une cible relativement restreinte selon elle.

Face à cette situation, la CFDT et le Medef ont appelé le gouvernement à élargir la cible vaccinale à un « maximum de salariés », notamment pour les « travailleurs nomades » (ceux du secteur du nettoyage). Le patronat se dit en tout cas clairement opposé au principe d'une liste de métiers prioritaires mis en place par le ministère du Travail. « Cette liste exclut les personnes qui ont des interactions sociales. Il faut rester sur les paliers d'âge tout en les abaissant », a plaidé M. Roux de Bézieux.


Source : lequotidiendumedecin.fr