Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’inquiète d’une recrudescence des cas en Europe, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et la direction de la santé de la Commission européenne plaident pour des stratégies de dépistage cohérentes et pour une harmonisation des pratiques sur le continent.
« Des stratégies de test robustes et des capacités suffisantes sont des aspects essentiels de la préparation et de la réponse au Covid-19 », rappelle la Commission dans une série de recommandations validées le 17 septembre. « Dans la perspective de la prochaine saison de grippe, au cours de laquelle le nombre de personnes présentant des symptômes similaires à la Covid-19 pourrait augmenter, il est plus important que jamais que les pays disposent de stratégies de dépistage efficaces et fiables », insiste la commissaire à la santé, Stella Kyriakides.
Ces stratégies doivent mettre l’accent sur le dépistage de tous les cas présentant des symptômes compatibles avec le Covid, en combinant ce test avec celui de la grippe. Les délais d'exécution des tests et de remise des résultats doivent être réduits au minimum. « Les personnes testées positives doivent être isolées et une recherche des contacts en temps opportun doit être effectuée, en s'assurant que tous les contacts étroits sont testés, quels que soient les symptômes », poursuit l’ECDC.
Tensions sur les capacités de tests
Pour l’heure, les stratégies varient dans les différents pays européens (membres de l’Union ou non), selon la situation épidémiologique, la dynamique de transmission, les ressources et les capacités de test, ainsi que selon les priorités définies localement. Le dépistage des cas symptomatiques n’est pas systématique partout : il est, par exemple, réalisé sur la base du volontariat en Norvège ou réservé, comme en Italie et en Suède, au cas présentant des symptômes graves ou des conditions sous-jacentes.
Ces différentes stratégies dépendent souvent des capacités de tests : si elles sont en hausse partout, « la probabilité d'être testé peut différer jusqu'à 30 fois entre les États membres », constate la Commission, avec pour conséquence des taux de positivité du test variant d'environ 9 % à 0,2 %, sans lien avec l’intensité de l’épidémie.
La même variabilité est observée en termes de délais pour la réalisation du test et le résultat. Certains pays connaissent de grandes difficultés, reconnaît la Commission, évoquant des pénuries de matériel en Finlande et des laboratoires débordées aux Pays-Bas et au Danemark. Des tensions se font également ressentir dans les services chargés du traçage des contacts.
Établir un système de priorisation « clair »
Dans ce contexte, les instances appellent, en cas de capacités insuffisantes, à mettre en place un système de priorisation « clair », pour les tests (personnes symptomatiques, soignants, etc.) et la recherche de contacts (contacts à risque élevé d'exposition et ceux travaillant avec les populations vulnérables), mais aussi à garantir l'application des mesures de quarantaine. Ces priorités doivent être assorties d’une communication « claire » pour faciliter l’adhésion de la population.
En parallèle, dans les hôpitaux, le personnel doit être dépisté régulièrement. De même, « tous les patients doivent être testés lors de leur admission ou immédiatement avant leur admission », indique l’ECDC. « Les personnes hospitalisées doivent être surveillées pour les symptômes du Covid-19 pendant au moins 14 jours après l'admission et être testées régulièrement », ajoute la Commission.
En cas de foyers de contamination identifiés, « tester la majorité de la communauté, qu'elle présente des symptômes ou non, peut être plus rentable que d'introduire et de garantir le respect des mesures de santé publique plus strictes », souligne la Commission. Dans la même optique, l’ECDC estime que la survenue de cas groupés dans « certains contextes, tels que les lieux de travail, les établissements d'enseignement, les prisons et les centres de détention pour migrants » doit donner lieu à une intervention rapide pour stopper la transmission.
Pour les voyageurs, des restrictions « proportionnées »
En matière de politique vis-à-vis des voyageurs, l’enjeu est d’abord celui de la coordination à l’échelle européenne, aussi bien concernant les restrictions de voyages que pour l’exigence de tests pour les voyageurs, la Commission souhaitant des restrictions, à la fois « proportionnées et non discriminatoires » et « coordonnées et clairement communiquées au niveau de l'Union européenne ».
L’enjeu est également interne à chaque pays. « Pour éviter la réintroduction du virus, les pays ou les régions infranationales qui ont réussi à contrôler durablement le SARS-CoV-2 pourraient envisager des tests ciblés et le suivi d'individus provenant d'autres régions du même pays ou d'autres pays ayant des niveaux de transmission plus élevés », estime la Commission.
L’appel à la coordination porte enfin sur les outils et dispositifs disponibles. Pour les tests (antigéniques et sérologiques, en particulier), la Commission invite à créer, à côté de la base de données des dispositifs disponibles du Centre commun de recherche (CCR), une plateforme de validation et d'échanges d'expériences et de données entre les pays européens. La même logique est préconisée pour les applications mobiles déployées pour le traçage des cas contacts où il s’agit d’« œuvrer pour une opérabilité transfrontalière ».
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