Le « printemps » égyptien s'est traduit, au terme d'une phase relativement courte où les Frères musulmans se sont emparés démocratiquement du pouvoir, par le retour au pouvoir des militaires. Il est incontestable que la gestion du pays par un gouvernement islamique n'a produit que le désordre et que les militaires ont remis de l'ordre, souvent au moyen d'une répression sanglante. Les États-Unis ont exprimé leurs réserves sur cette évolution politique de l'Égypte, mais en Europe, le courant favorable à l'ordre est relativement puissant. La France ne souhaite pas que les Frères musulmans reviennent au pouvoir et elle constate que les gouvernements de l'Égypte et de l'Arabie saoudite assurent ce qui reste de stabilité dans cette partie du monde : c'est précieux en ces temps de violence permanente dans la région.
On peut donc comprendre que certains régimes autoritaires soient préférables à des régimes islamistes tentés par l'agressivité anti-occidentale et donc voués à semer la violence en Europe ou ailleurs. Il reste à savoir si l'indulgence dont bénéficient l'Égypte et l'Arabie doit être étendue à d'autres pays musulmans. Une partie de la droite française critique la politique syrienne du président de la République parce qu'elle demeure obstinément hostile à Bachar Al Assad. François Fillon et nombre de ses amis expriment l'idée qu'il n'y a pas lieu de faire jouer les sentiments, que les régimes arabes se valent tous et qu'il faut négocier avec qui a le pouvoir. À plusieurs reprises, des élus de droite ont rendu visite à Bachar Al Assad à Damas. Ils soutiennent l'action de Vladimir Poutine en Syrie.
En intervant militairement en Syrie, la Russie a réussi à inverser le rapport de forces, l'armée loyaliste syrienne, avec l'aide de l'aviation russe, du Hezbollah et de l'Iran, ayant reconquis une partie du territoire syrien. De facto, Bachar redevient un interlocuteur valable, sauf que le renforcement de sa position se fait au détriment des dissidents qui se sont dressés contre lui les armes à la main. De sorte que, sur le papier en tout cas, il n'est pas impossible que Bachar redevienne le puissant dictateur qu'il était jusqu'en 2011, et donc que la politique russe aura simplement servi à maintenir le statu quo en Syrie. C'est bien sûr inacceptable parce que M. Al Assad n'a pu survivre qu'en sacrifiant son peuple, en se livrant à des crimes de guerre et contre l'humanité, et en niant leurs droits élémentaires à ses concitoyens. Simultanément, un cessez-le-feu a été conclu qui a donné un répit à la population, ce qui est une victoire pour les tenants du tout Assad.
Les victoires de Bachar sont illusoires.
Le dictateur syrien entend pousser son avantage et reprendre le terriroire qu'ils ont conquis, sans trop se préoccuper de Daech qui, lui, dispose d'une plus grande partie du terrain mais a été très affaibli par les combats. De sorte qu'un nouveau risque de guerre généralisée n'est pas exclu, d'autant que les opposants à Bachar, harcelés par les forces loyalistes, vont sans doute dénoncer le cessez-le-feu. Qu'est-ce que tout cela signifie ? Que les progrès de Bachar et de la Russie ne sont pas gravés dans le marbre, que la situation change à chaque instant et que les victoires du régime sont peut-être illusoires. Donner l'exclusivité de la discussion diplomatique à Poutine et à Assad n'est donc pas forcément le bon choix. La France n'a pas tort de rappeler sans cesse à la Russie qu'il existe un mouvement dissident en Syrie, dont Poutine ne veut pas entendre parler parce qu'il estime que la présence de la Russie en Syrie passe nécessairement par Al Assad. Il faut donc donner des garanties à Moscou sur ses intérêts en Syrie et lui suggérer d'inscrire ces garanties dans le cadre d'un vaste solution négociée qui pourrait aboutir à un changement de régime. C'est ce qu'a fait notre ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, à Moscou où il a rencontré son homologue russe en début de semaine.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation