Emmanuel Macron et Angela Merkel se sont livrés en fin de semaine dernière à une démarche innovante : la Russie ayant onze fois opposé son veto à une résolution des Nations unies sur la Syrie, le président de la République et la chancelière allemande ont demandé à Vladimir Poutine de soutenir la douzième.
Le président russe n’a pas accepté de bonne grâce de se rendre aux arguments humanitaires des deux leaders européens. Il a posé ses conditions qui, toutes, sont destinées à maintenir l’influence de Moscou en Syrie et de protéger le régime sanguinaire de Bachar. En revanche, il ne s’est pas opposé à ce que des convois humanitaires soient envoyés sur place pour évacuer les civils (dont plus de 500 auraient été tués et 1400 blessés par les bombardements de l’aviation syrienne).
M. Poutine tient à ce que la bataille contre les « terroristes » se poursuive. Clause qui joue le rôle du diable dans les détails. Car, nul dans ce chaos absolu de la Ghouta, ne sait plus faire la différence entre un terroriste et un civil, d’autant qu’aux yeux des Européens, les combattants qui tiennent la Ghouta sont des dissidents opposés au régime de Damas, pas des terroristes.
Une conférence téléphonique
La poursuite des bombardements a contraint Macron, Merkel et Poutine à avoir dimanche une conférence téléphonique. Les interlocuteurs du président russe lui ont fait valoir que, la résolution ayant été adoptée, il fallait qu’elle prît effet. Dans ce genre de conversation diplomatique au plus haut biveau, personne n’est dupe. Macron et Merkel savent que Poutine veut étendre son influence sur le monde, donc accroître la présence russe en Syrie, et Poutine sait qu’ils le savent. Bien entendu, les trois interlocuteurs ne parlent pas du fond du problème : pour décrocher l’absence de veto russe à l’ONU, le président et la chancelière n’ont parlé que de leur préoccupation humanitaire et leur désir de la partager avec Poutine, que rien ne satisfait plus que de se présenter comme un homme non seulement puissant mais raisonnable ; et de dialoguer d’égal à égal avec les grands de ce monde.
Le beau rôle
Poutine est-il complice de Bachar Al-Assad ? En tout cas, toute sa stratégie diplomatique dans cette affaire a consisté à gagner du temps, à soutenir les bombardements pendant presque quinze jours, avec l’espoir que, dans une Ghouta écrabouillée où il n’y aurait plus que des morts, le problème serait réglé et que ce ne serait pas sa faute si Bachar l’emportait militairement et reprenait ce quartier de Damas.
Son souci humanitaire est feint, il lui donne le beau rôle. L’important, c’est qu’il mène à bien son projet de contrôler une partie du Proche-Orient. La guerre de Syrie n’évolue pas exactement dans le sens qu’il souhaitait. Il est concurrencé par la Turquie, par l’Iran, par l’Arabie saoudite. Il n’a pas réussi à imposer « sa » paix et il craint l’échec de sa stratégie. Elle n’a de sens que s’il rend sa légitimité à Bachar Al-Assad, sa marionnette, alors que l’excès de cruauté du dictateur syrien le rend insupportable pour le monde entier.
Poutine est habile, mais cette habileté ne conduit nulle part si elle se heurte à des faits obsédants. Le sentiment des observateurs est que la violation des règles élémentaires fait de la Syrie un cloaque, de Bachar un assassin proche de la démence et de Poutine l’auteur d’une action qui ne peut avoir de signification que si elle conduit à sa propre destruction.
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