« Les pharmaciens d'officine souffrent et paient cher le prix des réformes en cours », a lancé ce lundi Isabelle Adenot, présidente du conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), à Marisol Touraine. Isabelle Adenot, qui s'exprimait dans le cadre de la 29e journée de l'Ordre, a souligné que 25 % des diplômés n'exerçaient pas le métier pour lequel ils ont été formés !
L'explication, au-delà des baisses de prix des médicaments qui affectent directement les marges officinales, est à chercher dans l'inadéquation entre les compétences des pharmaciens et la réalité de l'exercice, juge l'Ordre.
Traduire les compétences en actes
« Utilisons-nous toutes nos compétences ? Non ! », a encore regretté Isabelle Adenot, pressant le gouvernement de mieux reconnaître les missions des officinaux. « Ne limitons pas le service pharmaceutique à une approche logistique, les pharmaciens veulent traduire leurs compétences en actes ».
Sans nommer explicitement les médecins, la présidente de l'Ordre des pharmaciens a évoqué les « citadelles assiégées » qui se sentent attaquées par la volonté des pharmaciens de diversifier leurs missions. « Certaines attitudes sont contraires à l'intérêt général », assure-t-elle. Pour que les choses soient bien claires, la présidente enfonce le clou : « nous devons contribuer à l'amélioration de la couverture vaccinale et à la lutte contre l'antibiorésistance ».
Isabelle Adenot s'en prend aussi à certains officinaux, très marginaux selon elle, « qui jouent aux épiciers, se discréditent et contaminent les autres. À force de jouer aux épiciers, prévient-elle, ils finiront par être considérés comme des épiciers ».
Rôle de santé publique
Message reçu cinq sur cinq pour Marisol Touraine. La baisse de la rémunération des pharmaciens ? La ministre de la Santé juge que leurs missions – comme le conseil et l’accompagnement auprès des patients – doivent être mieux prises en compte. Quant à leur rôle en matière de santé publique, « il doit être mieux reconnu ».
Marisol Touraine promet de rendre la profession de pharmacien la plus attractive possible. Elle suggère de renforcer leur rôle d'accompagnement (conseil pharmaceutique, amélioration de l'observance, etc.) mais aussi d'accentuer leurs missions en matière de prévention. La ministre assure à cet égard que les expérimentations en matière de vaccination, prévues par le PLFSS, débuteront « dès la campagne vaccinale de septembre 2017 ».
La ministre a enfin rassuré les pharmaciens sur le maintien de leur monopole de dispensation. « Je reste opposée à la vente des médicaments de prescription en grandes surfaces, ainsi qu'à la libéralisation excessive du commerce sur internet », a-t-elle lancé à une assistance acquise au sujet.
Le DMP, une taupe ?
La ministre de la Santé a enfin abordé, sur le ton de l'humour, la question du DMP dont les expérimentations en province, sous la houlette de l'assurance-maladie, doivent démarrer dans les prochaines semaines. « Le dossier médical partagé, c'est un objet encore souterrain mais qui avance, c'est une taupe peut-être, mais j'espère que les petits monticules seront plus élégants que ceux qu'il y a dans nos jardins ». Selon Marisol Touraine, c'est pour casser la méfiance entourant le DMP qu'elle en a confié la responsabilité à l'assurance-maladie « et non plus à l'administration ».
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