« Ces recommandations s'adressent aux gynécologues-obstétriciens, pédiatres, sages-femmes, anesthésistes, aides-soignants. Mais aussi, aux patientes qui peuvent ainsi être informées de la bienveillance dont elles vont pouvoir faire l'objet lors de leur accouchement », souligne le Pr Bernard Hédon, gynécologue-obstétricien, à Montpellier, co-président du groupe de travail de la HAS, ancien président du CNGOF.
À la demande du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), du Collège national des sages-Femmes (CNSF) et du Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE), la Haute Autorité de santé (HAS) a édicté, en janvier dernier, des recommandations pour aider les professionnels de la naissance à ajuster leurs pratiques aux attentes des femmes dont l'accouchement présente un risque faible.
Information claire et loyale
Dans ses recommandations, la HAS rappelle, tout d'abord, l'importance du dialogue entre les femmes et les professionnels de santé. Claire et loyale, l'information délivrée aux patientes doit concerner les différentes étapes de l'accouchement et les interventions médicales éventuelles. De plus en plus de femmes enceintes souhaitent bénéficier d'une prise en charge respectueuse de la physiologie de la naissance. Tant que les risques obstétricaux - réévalués en permanence - restent faibles, la HAS recommande de limiter les interventions techniques et médicamenteuses au minimum nécessaire : surveillance continue du rythme cardiaque, prise en charge de la douleur par des interventions non médicamenteuses ou par une analgésie loco-régionale (péridurale, rachianalgésie, péri-rachi combinée). « Ces interventions médicales, effectuées dans un établissement de santé, sont indispensables. Sans la présence de médecins et/ou de sages-femmes ; la mortalité et la morbidité néonatales et maternelles augmenteraient considérablement. À l'inverse, la débauche de moyens matériels nécessaires pour un accouchement pathologique est néfaste, voire iatrogène, pour un accouchement normal », souligne le Pr Hédon.
Expression abdominale à proscrire
La HAS a, en outre, rappelé les recommandations valables pour tout type d'accouchement. Si le recours à l'expression abdominale pendant le travail ou l'expulsion doit être abandonné, l'administration systématique d'ocytocine au moment de l'expulsion est nécessaire pour prévenir les hémorragies du post-partum, principale cause de décès maternel. La HAS préconise également de ne pas réaliser d'épisiotomie systématique, y compris chez la femme qui accouche pour la première fois. « Il est intéressant, pour la patiente, d'aborder ce sujet, en amont, avec son accoucheur afin de lui accorder sa confiance sur cette question », note le Pr Hédon. Par ailleurs, les travaux de la HAS mettent en exergue le fait qu’il n'y a pas de durée définie entre le début du travail et la dilatation complète. Il n'y a donc pas d'indication à injecter de l'ocytocine pour accélérer le travail (en dehors de la souffrance fœtale). La durée de la deuxième phase du travail (à partir de dilatation complète) peut aller jusqu'à 3 heures. « Il n’y a pas urgence à faire pousser la femme tout de suite. Il est même recommandé de bien laisser descendre la présentation avant de faire pousser », précise le Pr Hédon. Enfin, la patiente doit rester libre d'adopter la position qui lui convient pour l'accouchement.
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