En amont de l'assemblée mondiale de la santé, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a rendu public son rapport 2016 qui doit servir de base pour évaluer la progression vers les objectifs du développement durable 2030. Elle y dresse le portrait d'un monde en meilleure santé mais encore frappé par de nombreuses inégalités de santé.
La santé et l'espérance de vie s'améliorent, mais les inégalités sont encore trop importantes pour espérer atteindre les objectifs du développement durables de 2030.
C'est ce qu'il ressort du rapport 2016 de l'organisation mondiale de la santé sur les statistiques mondiales de la santé, publié ce mercredi 18 mai 2016 quelques jours avant l'assemblée mondiale de la santé qui se tiendra du 23 au 28 mai 2016.
Selon ce texte l'espérance de vie mondiale a augmenté de 3 ans par décennie en moyenne depuis 1950, à l'exception de la décennie 1990 marquée par l'épidémie d'infections par le VIH en Afrique et la désagrégation du bloc soviétique. Depuis les années 2000, l'espérance de vie a encore augmenté de 5 ans dans le monde, avec une hausse plus marquée en Afrique : + 9,4 ans. Ce gain d'espérance de vie en phase avec les objectifs 2030 pour un développement durable. La France figure par ailleurs à la dixième place avec une espérance de vie de 82,4 ans.
Données manquantes sur l'espérance de vie en bonne santé
L'espérance de vie en bonne santé est estimée à 63,1 ans, soit 11,7 % plus courte que l'espérance de vie globale. Cette estimation reste peu fiable car « il n'existe pas de méthode standardisée et de méthodologie pour comparer l'état de santé d'un pays à un autre » et donc les espérances de vie en bonne santé, notent les auteurs.
L'organisation note une disparité très importante entre les différentes régions en ce qui concerne l'accès aux soins. Ainsi, 30 des 37 pays de la région Afrique font partie des 20 % de pays où la couverture sanitaire est la plus mauvaise. Les auteurs pointent également des disparités dans les prix des médicaments. En 2014, les efforts fournis pour l'aide à l'accès aux médicaments ont atteint 3,4 milliards de dollars, soit 3 milliards d'euros, ce qui représente moins de 2 % des fonds investis dans les essais cliniques par les laboratoires pharmaceutiques.
Le sexe reste le facteur majeur d'inégalité de santé : 43 % des hommes fument contre 9 % des femmes, les hommes sont plus souvent victimes d'accidents de la route. Les femmes font en revanche plus souvent l'objet de violences physiques ou psychologiques (250 millions de femmes vivantes en 2014 ont été mariées avant l'âge de 15 ans). En Afrique, 0,13 % des femmes sont infectées par le VIH contre 0,09 % des hommes. Plus globalement, seulement 76 % des femmes en couple en âge de se reproduire ont accès satisfaisant à des méthodes de contraception.
L'autre principal facteur d'inégalité est, logiquement, le statut socioéconomique : les enquêtes montrent que les personnes aux revenus les plus faibles sont aussi celles dont les indicateurs sont les plus mauvais avec. En 2030, 60 % de la population mondiale vivra dans les grands centres urbains ce qui renforcera encore les inégalités sociales entre individus selon les auteurs qui pointent également l'augmentation du nombre de migrants et de réfugiés qui étaient déjà 244 millions en 2015.
17,4 millions de professionnels de santé manquent à l'appel
Le constat d'inégalité d'accès à la santé s'applique autant aux pays qu'aux individus. L'accès à un professionnel de santé compétant pour pratiquer un accouchement est 80 % moins fréquent dans les pays les plus pauvres que dans les pays les plus riches. L'OMS estime qu'il manque 17,4 millions de professionnels de santé dans le monde dont 6,9 millions en Asie du Sud-Est et 4,2 millions en Afrique.
C'est le premier rapport du genre depuis l'adoption, en septembre 2015 du nouveau programme de développement durable par l'assemblée générale des Nations Unies. Ce programme comprend 13 objectifs centrés sur la santé : mettre fin aux épidémies de sida, de tuberculose et de paludisme, généraliser l'assurance santé à un prix abordable ou encore abaisser la mortalité maternelle en dessous de 70/100 000 naissances vivantes (contre 216/100 000 en 2016), la mortalité néonatale en dessous de 12/1 000 naissances vivantes et la mortalité des enfants de moins de 5 ans en dessous de 25/1 000 naissances vivantes (contre 42,5/1 000 actuellement).
En dépit de la masse de données déjà disponible, les experts de l'OMS émettent un certain nombre de recommandations : doter chaque pays d'organe de collecte des données de santé, mener des enquêtes annuelles construites selon les standards internationaux, et favoriser la mise en place d'organisations régionales chargée de fédérer les efforts de plusieurs pays d'une même zone géographique.
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