Le secrétaire d’État chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Thierry Mandon a confirmé aujourd'hui la création d'un Office français de l'intégrité scientifique (OFIS) « avant la fin du mois de janvier ». La mise en place des financements de ce nouvel organisme interviendra au tout début du mois de janvier. Le secrétaire d'État a par ailleurs précisé que l'OFIS constituera un nouveau département du Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (HCERES).
La création de cet office est une des mesures phares du rapport rendu en juin dernier par le Pr Pierre Corvol, de l'Académie nationale de médecine. Il remplira de nombreuses missions, comme guider l'action des référents et des comités d'intégrité scientifique des universités et des organismes de recherche. « Environ 1 établissement sur 4 a mis en place une commission ou un référent d'intégrité scientifique, constate le Pr Corvol, leur mission doit être mieux définie. »
4 grandes catégories de fraudes
Indépendants des directions d'établissement, les référents en intégrité scientifique ont pour mission de satisfaire les demandes d'information et d'enquêter en cas de suspicion de manquement à l'intégrité scientifique. Ils transmettent également le rapport de l'instruction à la direction de l'établissement en vue d'éventuelles sanctions.
Une autre mission de l'OFIS sera de mettre au clair la typologie des manquements à l'intégrité de la recherche. Ce sujet est déjà sur l'établi d'un groupe de travail mené par le Pr Corvol. « Nous distinguons 4 grandes sortes de manquements, explique-t-il : la communication inappropriée des résultats d'une étude à la presse et sur les réseaux sociaux, l'appropriation de données produites par d'autres, le plagiat ou l'autoplagiat et l'encadrement déficient. Ce dernier point est important car il ne faut pas oublier la responsabilité de la structure et des professeurs d'universités qui encadrent les jeunes chercheurs. » Cette typologie « cadre » pourra être affinée par chaque établissement.
Concernant le traitement juridique des manquements à l'intégrité scientifique. La procédure de chaque établissement doit être contradictoire, claire, et bien connue de tous. Ce sera d'ailleurs à l'OFIS d'y veiller et de tenir un bilan de la fraude scientifique en France dans des rapports annuels. Thierry Mandon a en outre confirmé que ce sera également auprès de cet office que les scientifiques incriminés pourront déposer un recours.
La difficile lutte contre la « petite fraude »
Lors de la présentation de son rapport en juin, le Pr Corvol avait affirmé que la grande majorité des manquements à l'intégrité scientifiques n'était pas constituée de fraudes spectaculaires, mais de « petits embellissements de résultats », surtout dans la recherche médicale qui concentre le gros des manquements constatés.
Interrogé par « le Quotidien » sur l'efficacité des mesures annoncées pour réduire cette « petite fraude », le Pr Corvol a reconnu que l'OFIS et les référents ne « changeraient pas grand-chose ». Les changements nécessaires sont d'une tout autre ampleur, allant jusqu'à repenser la manière dont est organisée et financée la recherche. « Il faudrait limiter la liste des articles nécessaires pour l'évaluation d'un chercheur à deux ou trois publications majeures, suggère-t-il. Il faudrait aussi que l'on valorise d'avantage le travail d'encadrement, l'originalité du travail, ainsi que les résultats d'étude négatifs. Sinon, on continuera à assister à une inflation des études. »
Les académies européennes en guerre contre les « pseudo-journaux »
Cette « inflation » a été dénoncée lundi 12 décembre dans une déclaration commune des présidents des Académies des sciences de France, d'Allemagne et de Grande-Bretagne. Ils y brocardent l'envahissement de la communauté scientifique par des « centaines de pseudo-journaux » qui « ont été lancés ces dernières années, profitant de la course à la publication scientifique, elle-même fruit des dérives du système d'évaluation de la recherche ». Les académies proposent quatre principes de bonne publication scientifique et recommandent à cette fin des lignes d'action concernant l'expertise des articles et le processus de prise de décision.
Cette initiative a été saluée par Thierry Mandon, pour qui « l'OFIS devra se coordonner avec ses homologues européens ».
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation