En Italie, pour compenser la pénurie de médecins de famille qui pénalise l’accès aux soins, la Lombardie a décidé de faire monter en compétences les infirmiers. L’idée de Letizia Moratti, vice-présidente de la région chargée des questions de santé, à l’origine de ce projet est simple. Puisqu’il manque 1 000 praticiens à l’appel en raison notamment des conditions de travail et de rémunération, pourquoi ne pas transformer les infirmiers en suppléants de médecins ? La recette avait déjà été testée par le gouvernement italien en 2020 au plus fort de la crise sanitaire avec la création d'une nouvelle figure professionnelle : les infirmiers de famille.
La différence est, qu'à l'époque, il avait été prévu d’insérer les infirmiers dans les équipes médicales chargées des premiers soins et de leur confier le suivi des soins à domicile et par téléphone pour éviter la saturation du système hospitalier. Ils exerçaient donc sous la supervision des généralistes agréés par la sécurité sociale italienne (Mutua) et les services régionaux, ce qui ne semble pas le cas dans le projet de la Lombardie.
Ballon d'essai
En présentant son idée, Letizia Moratti a laissé entendre qu’un ballon d’essai a déjà été lancé mais sans entrer dans les détails pour éviter de mettre le feu aux poudres alors que les syndicats et les associations de généralistes sont vent debout contre le projet. Les médecins sont en effet très remontées contre l’ancienne ministre de l’Éducation nationale du gouvernement de Silvio Berlusconi dans les années 2000 qui leur avait déjà demandé, à l’automne dernier, de travailler davantage pour garantir l’accès aux soins à tous.
Aujourd’hui disent-ils, Letizia Moratti veut démolir tout simplement la profession médicale et en rebond, celle des infirmiers. Ce que réfute la vice-présidente de la Région qui rétorque que son objectif est au contraire, de renforcer la collaboration entre les deux professions pour combler la pénurie de blouses blanches.
Mais selon le président de l’ordre des médecins milanais, le Dr Carlo Alberto Rossi, l’affaire pourrait se finir devant les tribunaux. Le ton est identique du côté de Fnomceo, la fédération des ordres des chirurgiens. « Deux professions ayant des compétences différentes ne peuvent pas être mises sur le même plan, elles doivent collaborer entre elles mais elles ne peuvent pas représenter une alternative » s’énerve le Dr Filippo Anelli, son président.
Pour sa part, le Dr Guido Quici, président de Cimo-Fesmed, le syndicat des médecins-cadres, s’interroge : « à quoi cela sert-il d’étudier pendant 11 ans si les infirmiers ont le droit de remplacer les généralistes ? Fermons donc les écoles de spécialisation puisqu’elles sont visiblement inutiles. » Pour l’heure, la vice-présidente du département régional de santé n’a pas l’intention de faire marche arrière.
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