Cinq adultes répètent chacun leur tour, avec une douleur contenue, mais palpable, une phrase blessante entendue pendant leur enfance. Qu’il s’agisse de propos ouvertement violents « t’es une moins que rien », prétendument plus anodins « tu ne devrais pas mettre ce tee-shirt, ça te fait des gros bras », ou encore tristement banals « de toute façon, tu as toujours été beaucoup plus lent que ton frère », certains mots prononcés « peuvent blesser toute une vie », rappelle opportunément le film qui vient appuyer la campagne contre les violences verbales sur les enfants, diffusée sur 5 chaînes de la TNT et sur Internet à partir du 15 septembre.
Violences ordinaires
Après plusieurs campagnes contre les violences physiques, cette initiative nationale, la première contre les violences verbales, est lancée par l’Observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO), et Stop VEO - Enfance sans violences.
L’objectif avoué des 2 associations qui tentent de faire aboutir une loi d’abolition de toute forme de violence envers les enfants, est de « créer une prise de conscience sur le fait que les violences éducatives ordinaires (VEO) envers l’enfant, pratiquées par de nombreux parents et tolérées par la société, qu’elles soient d’ordre psychologique ou physique, peuvent avoir des conséquences sur son développement, compromettre sa confiance et son estime de soi et avoir des conséquences sur l’adulte qu’il deviendra ».
« Le but n'est pas de culpabiliser mais de réfléchir sur nos pratiques éducatives », explique le Dr Gilles Lazimi, coordinateur des campagnes contre les « violences éducatives ordinaires ».
Une loi contre les châtiments corporels
Les associations attendent une nouvelle proposition de loi pour bannir les punitions corporelles envers les enfants, la dernière ayant été censurée en début d'année par le Conseil constitutionnel pour des raisons de forme.
Déjà 52 pays dans le monde ont adopté une loi d’abolition des châtiments corporels et que 50 autres se sont d’ores et déjà engagés dans le processus, la France continue de faire la sourde oreille malgré les rappels répétés du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies. Plusieurs enquêtes récentes montrent d’ailleurs assez bien le niveau d’acceptation et de reproduction, génération après génération, des VEO dans l’hexagone. Ainsi, 85 % des parents reconnaissent les pratiquer et 71,5 % d’entre eux avouent avoir déjà donné « une petite gifle » à leur(s) enfant(s).
Si ces données prouvent bien à quel point la violence exercée à l’égard des enfants dans le but de « bien les élever » est tout à fait intégrée à nos modes de pensée et d’action, d’autres enquêtes sont plus inquiétantes encore : plus de la moitié des parents frapperaient leurs enfants avant l’âge de 2 ans et les trois quarts avant 5 ans.
Des conséquences à court et à long terme
Les conséquences à court terme des châtiments corporels sur le corps de l’enfant sont bien connues (douleurs, ecchymoses, fractures et autres lésions), certaines résultant de la VEO sous toutes ses formes, y compris verbale, passent souvent inaperçues (maux de ventre, de tête, agressivité accrue, repli sur soi…).
Les études scientifiques sur la question montrent également que des conséquences à moyen et long terme viennent impacter le devenir de ceux qui ont été victimes de ces pratiques : ralentissement du développement cognitif, perte de mémoire, affaiblissement du système immunitaire, hypertension, problèmes cutanés, prises de poids, etc. De récentes données ont même révélé un impact sur la descendance par le biais de modifications épigénétiques. Pour Maryse Martin, présidente d’OVEO, il est donc plus que temps de « poser clairement les interdits » par le biais d’une loi et de « former les adultes à une parentalité bienveillante ».
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation