Le Pr Philippe Delaval, chef du service pneumologie du CHU de Rennes, coordonne le nouveau partenariat avec le Centre hospitalier François-Dunan de Saint-Pierre-et-Miquelon.
LE QUOTIDIEN : Comment est né le partenariat entre le CHU de Rennes et l’hôpital de l’archipel ?
Pr PHILIPPE DELAVAL : Comme souvent, cela commence par une histoire d’échanges entre professionnels. Mon épouse, allergologue au CHU, allait depuis plusieurs années en mission de consultation à Saint-Pierre. Puis, j’ai rencontré un autre confrère généraliste à Rennes, Thierry Perrin, qui, en revenant d’une mission sur place, m’a fait part de cette forte demande locale d’adosser l’établissement à un CHU. En 2014, j’ai enfin pris le temps d’aller sur place à l’occasion d’une consultation de pneumologie. J’ai alors rencontré une équipe très motivée. Du côté du CHU, notre direction a été réceptive. Depuis, médecins et membres de la direction saint-pierrais sont venus à Rennes. Début 2016, nous avons bâti les fondements de ce lien.
Ce lien étroit avec une structure métropolitaine est-il inédit ?
Non, puisque le CH François-Dunan travaille déjà pour certaines pathologies en collaboration avec Tours, Dijon ou Le Mans depuis des années. Mais là, l’idée nouvelle est de proposer le suivi de plusieurs spécialités par un seul établissement. C’est un facteur de cohésion et de confiance dans le suivi des soins, très important en contexte insulaire. En plus, la Bretagne est une région familière aux habitants de l’archipel car beaucoup de familles sont originaires d’ici. Bien sûr, tous les services ne pourront pas être associés en quelques mois. Les premiers à se mettre en place seront la pneumologie, les soins palliatifs et la gériatrie.
Comment ce partenariat va-t-il s’organiser sur place ?
Par le développement des missions de spécialistes déjà existantes sur place. Exemple, en pneumologie, nous allons assurer deux à trois missions par an de consultations, voire de gestes médicaux d’une dizaine de jours. L’avantage est que, même si ce ne sont pas à chaque fois les mêmes pneumologues qui partent, ils sont rattachés au même service du CHU. Donc l’échange d’informations et le suivi sont facilités. De même que d’éventuelles interventions ou hospitalisations plus lourdes si besoin.
Et à distance ?
La télémédecine sera un des points forts de cet échange. Que ce soit sous forme de téléconsultation ou télé expertise. Nous ferons avec Saint-Pierre ce que nous faisons déjà avec d’autres confrères bretons. Par exemple, pour les AVC, les CHU de Rennes et Brest ont un réseau en place pour la prise en charge rapide des patients sur toute la région. Ce système permet de transmettre rapidement les scanners. Et bien ce sera aussi possible avec nos homologues de l’archipel. En gériatrie, nous pourrons réaliser à distance des consultations sur la mémoire afin d’éviter à la personne âgée de se déplacer. Autre illustration, nous pourrons faire de la télémédecine en différé. Un confrère de Saint-Pierre envoie le dossier clinique et biologique à Rennes et nous le soumettons pour avis à nos réunions de concertation pluridisciplinaire. Là encore, cela se fera progressivement car nous devons encore coordonner techniquement l’envoi sécurisé des données.
Les personnels seront aussi bénéficiaires de ce partenariat ?
Cela a déjà démarré. Le projet prévoit en effet de permettre à des médecins, infirmiers ou aides soignants du CH Dunan de venir en stage d’immersion dans nos services. Il ne s’agit pas d’observation mais d’une réelle intégration dans nos équipes. C’est une occasion de faire de la formation continue dans un autre contexte. Nous avons aussi mis en relation le département de médecine générale de la faculté de médecine de Rennes avec l’établissement de l’archipel. Il peut être intéressant pour un interne d’aller faire son stage à Saint-Pierre. Ça peut être bon pour le service en place de recevoir et accompagner un jeune. Et pour ce dernier de connaître l’exercice de la profession dans un contexte particulier. Avec l’avantage pécuniaire en plus puisque les salaires locaux sont indexés.
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