SI ON ÉCOUTE les plus pertinents des observateurs politiques, la bataille des retraites ne serait q’une pièce de théâtre superbement écrite dont la fin est connue : après un baroud d’honneur, les syndicats finiront par se plier à la règle démocratique qui exige qu’une majorité parlementaire adopte une nouvelle loi si elle le souhaite. Alain Minc, officieux conseiller du président Sarkozy, s’est livré, vendredi dans « le Monde », à un panégyrique des chefs syndicaux dont il a salué l’esprit de « responsabilité » : « On est, a-t-il dit, dans une chorégraphie où chacun joue son rôle (...) et cette chorégraphie ne débouchera pas sur un affrontement insupportable ». Cependant, Bernard Thibault (CGT), qui a toujours bénéficié du respect (et même de la complicité) de Nicolas Sarkozy, parle de « blocage ». Les analyses les plus pessimistes estiment que la réforme sera adoptée, sauf s’il y a un « accident ».
Les organisations syndicales réclament le renoncement du pouvoir à l’allongement de deux ans des carrières professionnelles. Le gouvernement s’y refuse pour une raison simple : accélérée par la crise, la réforme a pour principal objectif de préserver le système par répartition en le rendant solvable. Les éditorialistes pensent que la contrainte financière est tellement grave que les Français, même ceux des syndicats et de l’opposition, ne peuvent pas rester aveugles à ce qu’ils considèrent (et que nous considérons) comme un impératif catégorique. Mais ne le sont-ils pas ? Ceux qui ont vu et entendu Ségolène Royal sur France 2 jeudi dernier ne seront pas rassurés sur l’avenir du projet. Elle a répété avec vigueur qu’une fois au pouvoir les socialistes rétabliraient la retraite à 60 ans, sans prendre la peine d’expliquer comment elle financerait une autre réforme.
Ce n’est pas que la gauche soit privée d’idées. Jean-Luc Mélenchon (le Parti de Gauche) envoie un message radical : il se moque de l’embarras des socialistes dans cette affaire. Lui, il sait faire. Il est capable de réformer le régime des retraites tout en assurant son financement. Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il détruirait du même coup l’économie de marché et isolerait la France complètement. Gérard Coullomb, maire PS de Lyon, penche, pour sa part, pour un nouveau régime à points (comme celui de la retraite des cadres) qui permettrait à tout travailleur de partir à la retraite l’année de son choix. Idée fort séduisante, mais dont la mise en œuvre serait infiniment plus compliquée et créerait bien plus d’injustices que le projet du gouvernement. Sans compter que le système des points ne correspond pas vraiment à un régime par répartition. Il aggrave les inégalités dans la mesure où ceux qui reçoivent un salaire élevé cumulent plus de points que les travailieurs qui ont un bas salaire. Il est, de ce point de vue, remarquable, que lors de la grande émission de France 2, Martine Aubry ait laissé Ségolène Royal parler à sa place. Cela semble signifier que, en dehors de l’aversion pour M. Sarkozy, la gauche dans son ensemble sinon dans son extrême n’a pas grand-chose à dire au sujet des retraites.
LE CONTEXTE POLITIQUE EXPLIQUE LE « NIET » DE LA GAUCHE ET DES SYNDICATS
Par conséquent, ce n’est pas le projet de loi qui déclenche la colère du peuple, des syndicats et de l’opposition. C’est le contexte, c’est la perspective des élections de 2012, c’est que la majorité s’apprête à accomplir « la » réforme du quinquennat alors que la population voit une proximité insupportable entre le pouvoir et l’argent, dans une période de crise profonde déclenchée justement par les forces de l’argent.
En outre, pourquoi la gauche, qui voit midi à sa porte, qui est parvenue à blesser le pouvoir, ne tenterait-elle pas de l’achever par une nouvelle crise ? Pourquoi ne pousserait-elle pas son avantage en le privant d’une conquête susceptible de le renforcer lors des élections générales ? C’est une guerre. Pour vaincre, il faut détruire, quitte à reconstruire sur un monceau de ruines. Le contexte politique, avec les divisions sérieuses de la majorité, la course aux portefeuilles que déclenche le projet de remaniement gouvernemental, le rejet de M. Sarkozy, l’aggravation du chômage et de la précarité, les gaffes ou erreurs tactiques commises par l’Élysée, par exemple dans l’affaire des Roms, qui nous vaut (d’ailleurs fort injustement) un rappel à l’ordre de nos partenaires européens, la dérive autoritaire qu’il ne faut ni négliger ni exagérer, la multiplicité des prises de position éthiques des associations (l’humanitaire devient une religion), c’est pour toutes ces raisons que la réforme des retraites est perçue comme inacceptable. L’explication ne suffit guère à apaiser nos craintes. L’absolutisme, parfois intégriste, des comportements hostiles à M. Sarkozy, empêche beaucoup de Français d’y voir clair.
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