L'ex-Premier ministre connaît ses nombreux handicaps. Il n'est pas le rassembleur désigné de la gauche. Il a défendu âprement son action contre les frondeurs socialistes. Il a demandé au président l'éviction d'Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon de son gouvernement. Il avait des relations tendues avec Christiane Taubira. Il indispose Martine Aubry, donc un courant du parti socialiste. Il a pratiquement forcé Emmanuel Macron à tenter son aventure en solo. Cela fait beaucoup d'ennemis au sein même de cette gauche dont il espère ramasser les morceaux et dont il veut faire le socle de sa campagne. Même dans le gouvernement qu'il vient de quitter, tous les ministres ne lui sont pas nécessairement favorables.
M. Valls ressemble à Matteo Renzi, le président du Conseil italien qu'un référendum vient de limoger. Comme lui, il passe sur le corps de ses amis pour parvenir à ses fins et n'a pas hésité à demander au chef de l'État de lui transmettre le flambeau, ce que M. Hollande a fait à contrecœur, mais comme s'il n'avait pas le choix. Dans cette bataille opposant les deux têtes de l'exécutif, il y avait toute la stratégie de M. Valls. Il ne s'agit pas, pour lui, de convaincre les nombreux et divers ténors qui s'agitent dans le marigot socialiste. Il ne s'agit pas de leur présenter une plate-forme qui les satisferait tous. Il ne s'agit pas de rapprocher ce qu'il a lui-même appelé « les deux gauches irréconciliables ». Il s'agit de faire appel à leur bon sens et de leur montrer que, compte tenu de l'état actuel de leur camp, l'abondance de l'offre politique les conduit tout simplement au suicide. Bien qu'il ait prononcé un discours d'apaisement, son message subliminal est simple : si vous ne voulez pas vous réunir contre la droite et l'extrême droite, vous n'avez aucune chance.
Primo, la primaire
Mais ils n'en conviendront que lorsqu'ils auront perdu. On saura très vite si Manuel Valls va faire ou non la course en tête. Pour cimenter la gauche, il doit d'abord battre ses concurrents à la primaire, car chacun d'eux croit avoir sa chance. L'ex-chef du gouvernement ne disposera pas, lors des deux tours de la primaire de la gauche en janvier, d'un avantage particulier. Il est en effet obligé de défendre le bilan de M. Hollande, qui est aussi le sien ; il sera dénoncé par ses rivaux comme l'homme le plus à droite du parti ; il sera combattu par les Montebourg, Hamon, Filoche, Lienemann et les autres, qui dénonceront l'échec de ses réformes ; il sera l'objet permanent des attaques de Jean-Luc Mélenchon et d'Emmanuel Macron, encore un homme dont il s'est fait un ennemi pour des raisons de rivalité personnelle.
Tactiquement, Manuel Valls a su transformer la déroute de la gauche au pouvoir en occasion historique personnelle. Sans utiliser les grands mots comme putsch ou coup d'État, il n'est pas faux de voir dans sa technique de conquête du pouvoir un peu du bonapartisme qui a réussi autrefois à Nicolas Sarkozy. Mais l'exercice a ses limites, d'abord parce que M. Valls a heurté beaucoup de petits chefs par ses manières et par ses idées, ensuite parce qu'ils n'ont pas moins d'ambition que lui. On peut même dire que l'érosion de la gauche a ouvert d'énormes appétits. Plus mal vont les choses et plus d'hommes de gauche croient, comme M. Valls, qu'ils sont prédestinés à sauver leur parti et leur pays. Pour l'électorat, l'ancien Premier ministre représente néanmoins, au cœur du charivari politique, un homme fort, autoritaire, réformiste et assez éclectique pour offrir un espoir à ceux qui veulent que ça change, à ceux qui craignent une mésaventure, à ceux qui réclament un cap, à ceux qui ont peur du désordre. Et, s'il échoue, il aura au moins pris ses marques pour 2022.
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