Comment vacciner contre le Covid-19 les populations les plus vulnérables ? Pour répondre à ce défi, Santé publique France (SPF) a mis en place une démarche de mobilisation et de partage des connaissances (MobCo) impliquant plus de 120 chercheurs, acteurs de terrain et décideurs. Elle livre ses premiers résultats et recommandations pratiques.
Les personnes en situation de précarité sont en effet beaucoup moins vaccinées que le reste de la population. Fin 2021, moins de 75 % d'entre elles avaient au moins une dose, contre 89 % de la population générale. Et cette différence de couverture vaccinale était encore plus marquée chez les jeunes, avec un delta de 26,7 points (par rapport à la population générale) chez les 18-24 ans, et de 20 points chez les 25-29 ans. Parmi les obstacles à la vaccination, figurent, selon SPF, la difficulté d’accès aux services de santé, le vécu d’une mauvaise expérience pour les SDF, la crainte d’effets secondaires qui accentueraient les difficultés de la vie à la rue, la barrière de la langue, le manque d’information adaptée ou encore la crainte d’être identifié et expulsé.
Miser sur la confiance
À la lumière des travaux de Mobco (soit l'analyse d'une vingtaine d'articles internationaux, des retours d'expérience du Danemark, d'Israël, et d'Irlande et d’entretiens avec des acteurs de terrain en France), SPF insiste sur quatre leviers essentiels pour toucher les plus vulnérables.
Tout d'abord, les stratégies vaccinales doivent s'appuyer sur des relations de confiance préexistantes entre les acteurs de terrain et les populations. Ensuite, tout doit être fait pour faciliter l'intervention des acteurs locaux et des associations. Il paraît crucial à cet égard de répéter dans la durée des actions d'information, d'éducation et de communication, encore une fois portées par des acteurs locaux formés à ces questions. De plus, les actions de vaccinations doivent être intégrées aux soins de santé et aux services courants, préconise encore SPF, dans une démarche de « (r)amener vers » les populations et d’« aller vers » leurs lieux de vie.
Enfin, il faut avoir en tête les obstacles à la vaccination, notamment la forte concurrence entre les besoins primaires (logement, sécurité, travail, accès à l’eau, alimentation), la présence d'enfants, d'éventuelles addictions, une grande mobilité, un faible niveau de littératie en santé, l’éloignement des systèmes institutionnels et une faible perception de l’utilité de la vaccination ou de la menace du Covid-19.
Une newsletter pour les soignants
Concrètement, SPF met à disposition des soignants, qui se retrouvent en première ligne auprès des populations précaires, un dispositif de ressources adaptées et pédagogiques sous forme de questions‑réponses. Son objectif : faciliter les échanges autour de la vaccination contre le Covid-19 avec les personnes sans domicile, les migrants, les gens du voyage, les travailleurs du sexe, etc. Les soignants peuvent s'inscrire ainsi à une newsletter.
Par ailleurs, l'étude Prevac, coordonnée par Epicentre en partenariat avec SPF, devrait prochainement donner des résultats plus précis sur la couverture vaccinale contre le Covid-19 des publics très précaires qui échappent aux dispositifs de surveillance usuels.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation