On aurait tort d'en rire. Au-delà de cette histoire de cornecul, ce n'est pas la stupidité abyssale d'une décision du conseil de l'ordre des médecins qu'il faut ici retenir, mais le fait qu'il n'a pu la prendre que par ce qu'il est ce qu'il est, à savoir un tribunal d'exception jouissant d'une totale et inexplicable impunité.
Le professeur Marcel Francis Kahn avait l'habitude de dire que « s’il y avait une connerie à faire, on pouvait être certain que le conseil de l'Ordre la ferait ». C'est ici le cas, résumons : l'ex épouse d'un médecin prend connaissance de façon illicite de sa messagerie personnelle et au vu des éléments confidentiels de celle-ci, porte plainte auprès du conseil de l'ordre départemental de l'Ariège (N.D.L.R. en fait, celle-ci a informé le conseil de l'Ordre qui a porté plainte ensuite auprès la jurdiction ordinale). Lequel s'associe ès qualités à la plainte, arguant du fait que ce praticien avait reçu dans son cabinet médical (espace privé), en dehors des heures de consultation (vie privée) des partenaires « à des fins d'activité sexuelle… comportement contraire aux principes de moralité et de nature à déconsidérer la profession. »
Vous ne rêvez pas, c'est bien dans ces termes que la chambre disciplinaire régionale de première instance du conseil régional Midi-Pyrénées a condamné le docteur Desplat à une interdiction d'exercer pendant une durée de six mois dont trois avec sursis, et à verser au conseil départemental de l'ordre la somme de 1 500 € !
(...) Comment en est-on arrivé à de tels excès, À un tel monument d'illégalité, et comment, surtout, le médecin en cause peut-il accepter sans broncher cette peine inique qui relève plus d'un florilège de comique troupier que d'une juridiction digne de ce nom ?
Nul ne peut juger au nom de la morale
Si au fil des décennies, le conseil de l'ordre a pu pondre nombre de décisions de ce type, c'est parce que le législateur lui a permis d'être dans une même instance à la fois plaignant, enquêteur, instructeur, juge de première instance et d'appel. C'est-à-dire de juger en dehors des règles de droit les plus fondamentales. Mais c'est aussi parce qu'on lui permet de juger au nom de la morale, ce que chacun sait juridiquement impossible (il n'y a pas une, mais des morales et aucune d'entre elles ne peut s'imposer, ce qui rend toute décision en son nom totalement arbitraire). Ou pour soi-disant défendre « l'honneur de la médecine », notion juridique également totalement subjective.
Disons le clairement : ce n'est pas au conseil de l'ordre et donc à une infime minorité de médecins de juger ce que doivent être la médecine, sa pratique, ses buts et ses moyens, mais aux citoyens (ce que le législateur a reconnu en nommant un Comité Consultatif d'Éthique).
Et s'il n'est nul besoin de rappeler que le conseil de l'ordre s'est, depuis sa création, opposé à la Sécurité sociale, à la médecine de groupe, à toute médecine salariée, à la départementalisation psychiatrique, à la PMI, à l'avortement, mais aussi à la contraception, sans jamais dire un mot sur les dépassements d'honoraires, les scandales médicaux ou la pression pratiquée à grande échelle auprès des praticiens par les laboratoires pharmaceutiques, pour le dénoncer pour ce qu'il est, à savoir un tribunal d'exception qui est à la fois la honte du corps médical et de l'appareil juridique.
Personnellement poursuivit depuis 40 ans pour n'avoir jamais réglé ma cotisation forcée à cet organisme, j'invite tous les médecins à dénoncer ses pratiques, et à refuser de le financer. Imaginez, cher confrère, si les milliards que vous que vous avez versés à l'Ordre étaient venus abonder notre caisse de retraite !
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