Mais où est donc passé le médecin ? C'est la question que se posent les habitants de Caromb, dans le Vaucluse, depuis la disparition soudaine de leur généraliste le 3 février dernier. Depuis cette date, les patients trouvent porte close au cabinet installé sur le Cours de la République, dans ce village de près de 3300 habitants. Pour seule information, un message est placardé signalant un départ pour cause de « stage professionnel à l'étranger ».
Le médecin a pris la poudre d'escampette avec son épouse et ses deux enfants sans laisser plus d'explication, après avoir résilié ses lignes téléphoniques. Personne dans le village ne semble au courant, ni ses deux confrères installés à Caromb, ni ses patients dont certains, atteints de pathologies lourdes, ont pourtant besoin de renouvellement d'ordonnance. Problème : les dossiers médicaux de ces malades sont introuvables.
Départ au Canada ?
Le conseil de l'Ordre des médecins de Vaucluse avait bien reçu la visite du « disparu », le 29 janvier dernier, quelques jours avant son départ soudain. « Il nous a dit qu'il fermait son cabinet pour prendre un poste au Canada, raconte au " Quotidien " le Dr Bernand Arbomont, président de l'Ordre départemental. Mais il nous a assuré qu'il avait pris toutes ses dispositions pour informer ses confrères et ses patients, régler la question de ses gardes, etc. » Ce qu'il n'a visiblement pas fait.
Aujourd'hui, l'Ordre en est à réclamer par courrier électronique lesdits dossiers médicaux – le médecin disposerait de ces informations sur une clef USB… « Depuis le 3 février, nous lui avons envoyé par email une cinquantaine de demandes de patients qui souhaitent avoir leur dossier, indique le Dr Arbomont. Mais nous n'avons eu aucune réponse et il semble que les patients non plus. »
Branle-bas de combat à la mairie
À la mairie de Caromb, on tente de s'organiser et d'informer la population via le Web. « Nous avons pris contact avec les professionnels de santé de la région pour aider les patients qui en avaient besoin » indique Léopold Meynaud, très préoccupé par cette situation. Le maire de la commune est très remonté contre le généraliste : « Je lui en veux de mettre en péril la santé de ses malades. Il avait dans sa patientèle des personnes âgées, diabétiques, cardiaques… qui se retrouvent sans dossier médical ni médecin traitant. »
Les confrères installés en ville peuvent-ils prendre le relais ? « Ils font ce qu'ils peuvent pour dépanner, mais ils sont déjà surbookés et ne peuvent pas prendre en charge d'autres patients » répond le maire qui estime que la patientèle du médecin déserteur était constituée de 1500 à 2000 personnes issues du village et des environs. La commune espère recruter rapidement un remplaçant [Les médecins candidats peuvent contacter la mairie de Caromb au 04 90 62 40 28].
La théorie du burn out
Pourquoi le généraliste aurait-il quitté soudainement son cabinet ? Léopold Meynaud a sa théorie : « C'est un homme excessivement gentil, toujours disponible et très dévoué. Je pense qu'il s'est " laissé bouffé par sa patientèle ", et qu'il a craqué. Il avait fait plusieurs voyages au Canada, il a dû se laisser séduire. »
Le maire ne passe pas pour autant l'éponge. Il étudie toutes les actions légales possibles pour récupérer les dossiers médicaux des patients et, le cas échéant, porter plainte pour mise en péril de la santé de ces derniers.
À l'Ordre du Vaucluse, on rappelle que ces dossiers sont la propriété du praticien. Mais son président, le Dr Arbomont, prend les devants. « Nous avons demandé au Conseil national si nous pouvions entrer en contact avec l'Ordre des médecins du Canada pour leur signaler cette situation. »
Une action est-elle envisagée ? « C'est un sujet que nous allons discuter lors de la prochaine réunion du Conseil départemental » répond le président. Le généraliste n'est pas exempt de tout reproche. L'article 47 du Code de déontologie médicale stipule qu'un médecin doit assurer la continuité des soins aux malades, quelles que soient les circonstances. « S'il se dégage de sa mission, il doit alors en avertir le patient et transmettre au médecin désigné par celui-ci les informations utiles à la poursuite des soins. » Sur ce point, il semble bien qu'il y ait eu faute.
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