Autonomie des parturientes

Accoucher, c'est aussi choisir et décider

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Publié le 28/06/2018
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Crédit photo : PHANIE

En prenant part à l'élaboration des recommandations sur la prise en charge du travail physiologique et du travail normal publiées par la Haute Autorité de santé en tout début d'année, Franck Pizzagalli, sage-femme à l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart, n'a pas ménagé sa peine pour faire bouger les lignes.

« La question du respect de la physiologie revient au premier plan, sur la base de différents travaux scientifiques qui montrent que l'on peut limiter le nombre d'interventions », explique-t-il. Depuis l'an dernier, le Collège national des sages-femmes a déjà pris position afin de réguler la prescription d'ocytocine. De manière générale, les perfusions seront bien moins systématiques, et le phénomène physiologique mieux observé et respecté.

La nature regagne donc un peu de terrain, à ce moment délicat de la mise au monde. « Nous surveillons sans cesse, sans être forcément dans l'action. Nous sommes clairement beaucoup moins directifs. La femme va vivre un moment unique qu'elle a parfaitement le droit de mieux contrôler, si la nature et sa santé le permettent. Le temps où l'on posait systématiquement une péridurale à l'arrivée et où l'on dirigeait le travail est révolu », affirme le maïeuticien.

L'humain, facteur primordial

Pousser… mais avant tout participer davantage. Des patientes mieux préparées seraient beaucoup plus faciles à mobiliser au moment de l'accouchement. Des échanges, naîtra l'indispensable confiance qui leur permettra de prendre davantage d'initiatives. Ainsi, pour Franck Pizzagalli, « le choix d'une position pendant le travail et pendant l'accouchement leur appartient avant tout. Un simple changement de posture peut réduire l'inconfort, et se révéler extrêmement efficace dans les efforts à produire ». Cette liberté des parturientes — qui n'est pas un abandon, les sages-femmes les conseillent, les orientent et les guident dans leurs mouvements — faciliterait donc la gestion de la douleur. D'ailleurs, « sans péridurale, les femmes s'investissent davantage ».

Franck Pizzagalli mesure l'étendue des terrains de recherche encore inexplorés dans ce domaine : cette plus grande possibilité d'initiative réduit-elle le temps de travail ? Quels sont les avantages des postures ? En revanche, il affirme que le soutien continu, la présence permanente d'une tierce personne joue un rôle essentiel dans le bon déroulement du travail, incomparable avec la surveillance par leur seul monitoring. Et si le succès d'un accouchement était avant tout une question d'humanité ? Pour autant, la physiologie ne semble pas avoir encore livré tous ses secrets.

exergue : tout en surveillant, nous sommes clairement beaucoup moins directifs

Entretien avec Franck Pizzagalli, sage-femme à l’hôpital Antoine-Béclère (Clamart)

Laurence Mauduit
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Source : Bilan Spécialiste