L’HISTOIRE DU JOUR

Acharnement scientifique

Publié le 27/04/2011
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On sait que Mona Lisa avait du cholestérol, du moins selon l’hypothèse d’un professeur d’anatomie pathologique, qui a repéré un xanthélasma sur son œil gauche ainsi que des lipomes sous-cutanés des mains. D’autres en ont déduit qu’elle souffrait d’une hyperlipidémie essentielle. Son sourire a fait l’objet de toutes les spéculations, depuis la paralysie faciale périphérique à laquelle croyait, au début du XIXsiècle, l’anatomiste et chirurgien Charles Bell.

Mais qui a vraiment inspiré à Léonard de Vinci cette « Joconde » qui ne cesse de fasciner depuis sa création au début du XVIe siècle ? Lisa Maria Gherardini, qui a épousé à 16 ans Francesco del Giocondo, d’où le nom du tableau ? Ou l’assistant, et amant, de Léonard de Vinci, comme on vient d’en agiter l’idée ? L’historien d’art Silvano Vincenti, qui a déjà ouvert la tombe de Pétrarque, trouvé les restes du Caravage et analysé les os de Giotto et de Pic de La Mirandole, a décidé d’en avoir le cœur net. Il lance aujourd’hui la recherche de la dépouille de Lisa dans le couvent de Sainte-Ursule, à Florence, où elle est censée avoir été inhumée en 1542, après sa mort à l’âge de 63 ans, selon un certificat récemment retrouvé.

Des analyses génétiques permettront de prouver qu’il s’agit du bon corps grâce à la comparaison avec l’ADN de ses enfants, enterrés non loin de là. Puis, si crâne il y a, les chercheurs tenteront une reconstitution faciale.

Tous ces efforts seront peut-être utiles pour l’histoire mais n’expliqueront pas le génie de Léonard de Vinci. C’est à lui que la Joconde doit son sourire, pas à la génétique.

Source principale : « Courrier International », 14 avril 2011.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8950