Que retiendra-t-on de la politique sociale de la présidence Macron ? L’interminable colère des Gilets jaunes ? La mobilisation de l’hôpital public pour de meilleures conditions de travail ? La réforme des retraites dont l’examen a débuté au Parlement et qui cristallise les mécontentements ?
Un autre sujet restera un marqueur de ce quinquennat : le changement des critères d’accès à l’aide médicale d’État (AME) pour les personnes en situation irrégulière et le délai de carence de trois mois imposé aux demandeurs d’asile pour bénéficier de la Sécurité sociale (Puma). S’il a mis en place la réforme du 100 % santé garantissant la prise en charge intégrale d’ici à 2022 d’un panier de soins minimum en optique, dentaire et audioprothèse, Emmanuel Macron a aussi durci sa politique migratoire. S’ils sont déboutés, les étrangers sans-papiers et demandeurs d’asile ne pourront bénéficier d’un maintien de leur protection maladie que pendant six mois au lieu de douze.
En flirtant sur le terrain de la droite dure et de l’extrême droite, le chef de l’État joue un jeu dangereux. Il rompt avec les valeurs d’accueil républicaines de la France, où une assistance médicale gratuite permet depuis la fin du XIXe siècle d’apporter une assistance sanitaire aux populations précaires.
Ce choix assumé et justifié par des considérations économiques– l’AME pèserait un milliard d’euros par an –n’est pas partagé par tous les médecins. Nombreux sont les généralistes à alerter sur les risques sanitaires que fait courir le non-recours aux soins de ces patients fragiles.
Mise en cause pour son manque d’humanité, la majorité présidentielle a une nouvelle fois montré un visage peu flatteur en rejetant une proposition de loi visant à allonger de 5 à 12 jours le congé légal accordé aux parents touchés par le décès d’un enfant mineur. Sujet qui frappe 4 500 familles chaque année. La ministre du Travail a argué que les entreprises n’avaient pas à supporter cet effort... Le gouvernement a rétropédalé. Il n’empêche, cet épisode laissera une trace indélébile. Plus qu’une erreur politique, il s’agit d’une faute morale.
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