L'Académie de médecine avait recommandé vendredi que le port de masque soit rendu obligatoire après le déconfinement. Le ministre de la Santé a affirmé mardi que la question était « ouverte » et que la réponse dépendrait de l'évolution des « recommandations scientifiques » sur le sujet.
« La question de savoir si, à terme, il faudra proposer, inciter, voire contraindre le port d'un masque en population générale, cette question-là est ouverte, je le dis avec humilité face à une menace épidémique inédite », a-t-il répondu lors des questions au gouvernement à l'Assemblée.
Une telle obligation est certes portée par l'Académie de médecine, a-t-il relevé, mais est « encore contestée par de nombreux organismes scientifiques internationaux ».
« À mesure que les recommandations scientifiques évoluent, nous sommes amenés nous-mêmes à nous réinterroger », a poursuivi le ministre, tout en assurant qu'à l'heure actuelle « les gestes barrières (...) sont les mesures reconnues par l’OMS comme les plus efficaces » et qu’« à ce stade la doctrine (du gouvernement) n'a pas évolué ».
Le début d'une inflexion
En période de pénurie de masques, la priorité reste la protection des professionnels de santé. Pour autant, le ministre de la Santé a ouvert la porte à une possible évolution.
« S'il s'avère que le port d'un masque en population générale pouvait renforcer l'efficacité du dispositif, si les recommandations des scientifiques allaient dans ce sens, nous serions amenés à communiquer en ce sens », a-t-il ajouté.
En fin de semaine dernière, le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, avait déjà laissé paraître une inflexion de la doctrine sur les masques. « Si nous avons accès à des masques, nous encourageons effectivement le grand public, s’il le souhaite, à en porter », a-t-il notamment déclaré. La semaine dernière, lors d'une visite à Angers dans une usine fabriquant des masques, le président de la République avait annoncé que la France serait bientôt en mesure de fournir des masques alternatifs réservés aux non-soignants pour certaines professions au contact de la population (caissières, métiers au contact des personnes âgées…).
Des municipalités prennent les devants
Le sujet du port des masques, obligatoire ou non, fait d'autant plus débat que certaines municipalités ont déjà pris des mesures pour l'imposer. L'Association des maires de France (AMF) recommande aux édiles de conseiller à la population de porter un masque artisanal sur la bouche et le nez durant les sorties autorisées dans le cadre du confinement. Mais plusieurs élus, comme le maire de Sceaux (Hauts-de-Seine), Philippe Laurent (UDI), ont imposé le port d'un masque de protection dans leur ville ou envisagent de le faire, comme Christian Estrosi (LR) à Nice
La question de l'obligation semble pour l'heure prématurée tant que la France est en période de confinement et en pénurie de matériel. Car la France attend toujours la livraison du milliard de masques commandés à la Chine qui arriveront progressivement d'ici à fin juin, a récemment indiqué le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Illustration des difficultés rencontrées par l'Etat pour fournir des masques aux professionnels de santé engagés dans la lutte contre le Covid-19, des masques commandés notamment par la métropole de Marseille ou aussi par la région Bourgogne-Franche-Comté ont été réquisitionnés par l'Etat, ce qui a été fustigé par Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, sur franceinfo.
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