Valorisation des compétences, délégation de tâches

Au bloc et ailleurs, les infirmiers anesthésistes en quête d'autonomie

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Publié le 05/11/2018
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IADE

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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Des relations parfois tendues avec les médecins, notamment intérimaires, un manque d'autonomie pour réaliser des actes d'anesthésie et des défauts d'organisation au bloc… Dans une enquête* fouillée, le Syndicat national des infirmiers anesthésistes (SNIA) fait ressortir les inquiétudes et les attentes de la profession. 

Si 79 % des IADE déclarent entretenir de bonnes relations avec les praticiens hospitaliers en général (dont 18 % très bonnes), certains font également aussi état d'un « fossé relationnel » avec les médecins urgentistes « qui ne connaissent rien de [leur] formation et [les] méprisent », mais aussi avec les médecins anesthésistes et chirurgiens en poste. « Il faudrait remettre le respect mutuel au centre des relations entre les différents intervenants au bloc opératoire. Les médecins manquent dans la grande majorité des cas de savoir être », indique un autre. 

Le sondage souligne en particulier les difficultés rencontrées par les infirmiers spécialisés avec les médecins vacataires au bloc opératoire. 45 % des IADE disent travaillent avec des praticiens intérimaires et près des deux tiers estiment qu'ils ont des difficultés organisationnelles avec ces derniers. Neuf infirmiers anesthésistes sur dix éprouvent des difficultés de communication ou de compréhension. Et ils sont même 38 % a constaté une recrudescence des accidents.

« Nous travaillons avec beaucoup de médecins intérimaires qui ne s’adaptent pas toujours aux habitudes de services et ne s’investissent pas », témoigne un IADE interrogé. « Les médecins intérimaires ne sont pas tous à la hauteur de nos attentes, on se demande parfois s'ils se tiennent au courant des dernières recommandations », regrette un autre.

Dégager du temps médical

Les IADE souffrent surtout d'un manque de reconnaissance sociale (65 % des sondés) et salariale (84 %). Presque à l'unanimité (93 %), ils estiment que leur salaire doit être revalorisé. De manière générale, un paramédical sur deux (48 %) veut plus d'autonomie. Les IADE veulent ainsi réaliser une consultation d'anesthésie ou la visite pré-anesthésique en collaboration avec l'anesthésiste-réanimateur. « Cela permettrait la redistribution de temps médical sur des activités de consultation complexe, tout en permettant aux patients sans antécédents de bénéficier d’une information sur l’acte anesthésique délivré par l’IADE », commente le SNIA. La demande est la même pour les anesthésies locorégionales : 72 % des répondants sont favorables à ce que des techniques pour réaliser ces anesthésies soient « totalement intégrées » dans leurs formations et compétences. Actuellement, certaines techniques ne sont pas réalisables par l'IADE, notamment celles avec la mise en place d'un cathéter. Ils voudraient enfin pouvoir valider les sorties des patients de salle de soins post-interventionnelle, du ressort exclusif du médecin anesthésiste, ou prescrire et administrer des antalgiques ou antiémétiques. 

* Enquête réalisée du 15 mars au 6 mai 2018, 1 830 réponses exploitées. 

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9699