Au Sénat, la tentative de légalisation du joint part en fumée

Publié le 05/02/2015

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

C’est de puis longtemps un des chevaux de bataille des écologistes. Mais les sénateurs écologistes se sont retrouvés bien isolés mercredi pour défendre leur proposition de loi destinée à autoriser l'usage et la vente "contrôlés" du cannabis. Le débat de ce texte qui n'a pas été adopté en commission a été interrompu au bout de deux heures, à l'issue de l'espace réservé au groupe écologiste. Il reprendra à une date que fixera la Conférence des présidents de la Haute Assemblée...

"L'initiative qui nous vaut d'ouvrir ici un débat effectivement crucial (..) n'est pas sortie de la tête embrumée - ou enfumée - d'une écologiste présumée amatrice de joints comme le voudraient certains clichés", a lancé l'auteur de la proposition de loi, Esther Benbassa, en ouvrant le débat. "Elle est le fruit d'un long cheminement". "C'est précisément, entre autres motifs, la conviction que le cannabis n'est assurément pas un produit anodin, la conscience claire du fait qu'il contient des substances psychotropes potentiellement dangereuses pour la santé, notamment celle des plus jeunes, dont le cerveau est encore en formation, qui m'ont décidée à m'atteler à la rédaction de ce texte", a-t-elle poursuivi.

Son texte propose que la vente de cannabis, à des fins non thérapeutiques, soit contrôlée par l'État, en passant par l'intermédiaire de débitants comme c'est le cas pour le tabac, en interdisant la publicité et la vente aux mineurs. Il concerne la vente au détail et l'usage de plantes de cannabis ou de produits du cannabis dont les caractéristiques seraient définies par décret en Conseil d'État et dont la teneur en tétrahydrocannabinol n'excèderait pas un taux fixé par arrêté du ministre de la santé. Avec cette proposition, "les dépenses induites par les dispositions punitives en vigueur -inefficaces, contreproductives, et coûteuses pour le contribuable- devraient cesser, alors que celles consacrées aux mesures éprouvées de prévention, de réduction des risques et de traitement devraient au contraire augmenter", a jugé Esther Benbassa.

Le gouvernement avait dépêché la secrétaire d'État chargée des Droits des femmes Pascale Boistard pour opposer une fin de non recevoir à cette initiative : "Les solutions proposées sont possiblement contre-productives (...) Ne prenons pas le risque qu'une libéralisation entraîne une hausse de la consommation", a-t-elle lancé.


Source : lequotidiendumedecin.fr