Il serait plus exact de dire que Balzac était un tabacophile qu'un tabacophobe. Voici, en effet, ce que nous lisons dans un ouvrage relatif à la matière, « Le Livre des fumeurs et des priseurs » par Spire Blondel (Paris, 1891) à la page 257, en note :
« Honoré de Balzac, suivant un de ses contemporains (Lamartine, Cours de littérature, CVI° entretien, 1864), « avait le nez bien modelé, quoiqu’un peu long ; les lèvres découpées avec grâce, mais amples, relevées par les coins ; les dents inégales, ébréchées, noircies par la fumée du cigare », du cigare qui, comme il le disait lui-même en connaisseur (Traité des excitants modernes) « procure tant de jouissances aux fosses nasales et palatiales ».
Cela ne l'empêcha pas de fulminer contre le tabac. L'auteur de La comédie humaine, auquel on doit l'aphorisme suivant : « Le cigare infeste l'ordre social », défendait de fumer dans son œuvre. Ni Vautrin, ni Trompe-la-Mort, ni cet aigrefin de Rastignac, ni l'équivoque Rubempré n'ont été autorisés par leur maître à allumer leur cigare ou leur pipe dans le monde où sa pensée les mène. Seul, Marsay a reçu la permission de fumer, mais Marsay était l'enfant chéri de Balzac. En admettant que Lamartine se soit trompé, Balzac a toujours montré du dédain pour le stimulant narcotique, son puissant cerveau ne réclamant nul adjuvant extérieur. Il ne faudrait cependant pas pour cela prendre ses aphorismes comme des articles de foi. Dans les conclusions de son Traité des excitants modernes dont le chapitre VI, réservé au tabac, est si souvent lu par les tabacophobes, il dit en propres termes : « J'ose avancer que la pipe entre beaucoup dans la tranquillité de l'Allemagne ; elle dépouille l'homme de son énergie ».
(Dr M.L., « La Chronique Médicale », février 1898)
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