Burn out : les conclusions et les conseils d’une généraliste sur le stress de ses confrères

Publié le 09/03/2014

Evelyne Monnerie, généraliste dans le 12ème arrondissement de Paris porte un intérêt particulier au burn out du généraliste. De par son exercice évidemment, qui en fait une professionnelle directement concernée par le sujet, mais aussi de par son diplôme universitaire de « gestion du stress et de l’anxiété » et à travers son groupe d’échanges de pratiques. Elle raconte sur le blog soignerlestress, au début de ses études de médecine "avoir lu avec effroi un numéro de la revue «Autrement » sur les médecins que je trouvais d’un pessimisme incroyable. Je découvrais, pour la première fois, le mot « burn out »... et ce n’était pas encourageant."

Quinze ans plus tard, pour son mémoire de fin de diplôme universitaire à Lille 2, réalisé sous la direction du Dr Dominique Servant, c’est donc tout naturellement que la généraliste a décidé de se pencher sur les raisons du stress des généralistes. « On parle souvent du burn out de façon trop générale, je voulais donc avoir une approche de l’intérieur en me concentrant sur un petit échantillon étudié à fond ».

Une étude qualitative

Pour son panel, pas besoin d’aller chercher bien loin, la généraliste a pris pour témoins des membres du groupe d’échanges de pratiques et de supervision auquel elle participe à l’Hopital Saint Antoine. «Bien sûr il y a un biais parce que ce sont forcément des gens qui ont un vrai engagement, mais le fait qu’on se connaisse bien permet aussi de parler de façon plus approffondie ». En tout ce sont donc 12 femmes et 8 hommes qui ont répondu au questionnaire du Dr Monnerie. Tous installés à Paris ils ont entre 30 et 65 ans.

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Au menu du questionnaire : quatre questions simples et générales mais qui peuvent amener de multiples réponses : les facteurs de stress dans diverses situations, les stratégies pour diminuer le stress, les changements souhaités pour diminuer les facteurs de stress, et les solutions contre le stress. « J’ai listé toutes les réponses et regardé celles qui sortaient plusieurs fois. De manière générale ce qui se dégage est assez semblable pour tous les généralistes interrogés ».

Isolement et course contre la montre

Au rayon des facteurs de stress, les généralistes de l’étude regrettent le manque de temps à consacrer au patient avec l’angoisse de « prendre du retard sur sa journée ». Les charges administratives trop importantes sont aussi pointées du doigt, elles empiètent sur le temps avec les patients mais aussi sur la vie personnelle. Les doutes quant aux cas difficiles et aux situations d’urgence font partie des facteurs de stress intrinsèques au métier. Beaucoup soulignent aussi les difficultés de communication avec les confrères, particulièrement hospitaliers, en citant par exemple les soucis pour obtenir des rendez-vous ou des dossiers de patients. Les interruptions téléphoniques, les problèmes informatiques, la barrière de la langue ou la course aux remboursements sont également parmi les causes les plus citées.

Face à ces menaces, le sentiment d’isolement ressort chez ces généralistes. Et symétriquement des solutions ressortent du travail du Dr Monnerie pour lutter contre ce stress. Nombreux évoquent l’association, le travail à plusieurs ou l’acquisition du secrétariat comme clé d’un exercice plus serein. Un allègement du rythme et du temps de travail ou encore un numéro d’appel à l’hôpital dédié aux généralistes sont aussi des solutions évoquées.

Pour Evelyne Monnerie en tout cas, ses ébauches de solutions, loin d’apporter un point final à sa réflexion la pousse à creuser davantage « C’est un sujet qui m’intéresse et je pense que je continuerais à travailler dessus dans les années à venir ».

 
Amandine Le Blanc

Source : lequotidiendumedecin.fr