D EPUIS le 12 janvier, les patientes de la clinique La Tamise, à Calais, sont orientées vers le centre hospitalier de la ville pour les accouchements et les nterventions chirurgicales. Cette clinique de 87 lits, qui assurait en 2000 715 accouchements, est en effet sous le coup d'une suspension d'activité, pour un mois, décidée à la fin de la semaine dernière, par l'agence régionale d'hospitalisation. Une mesure exceptionnelle motivée par plusieurs décès suspects.
Le premier décès remonte au mois d'août. Le 28, une maman de 33 ans et sa petite fille de deux jours meurent à la suite de complications dues « à un syndrome hémorragique, une baisse de tension et un trouble de conscience », selon le directeur de la clinique, Gérard Dayez.
Six mois plus tard, un autre décès soulève l'émoi dans l'établissement calaisien. Le 28 décembre, un nouveau-né décède à l'accouchement en raison « d'une anoxie due au passage du cordon ombilical devant la tête du nouveau-né ». La série noire continue : mercredi 10 janvier, une maman et son nouveau-né décèdent après une crise convulsive de la patiente, accompagnée d'une hémorragie cérébrale. « Une regrettable série d'accidents qui n'ont aucun lien entre eux », estime la direction de la clinique La Tamise, qui attribue ces décès à la mortalité périnatale. Pour l'agence régionale d'hospitalisation, cet enchaînement de décès est suffisamment suspect pour motiver une expertise de la clinique en cause. Alertée le 4 janvier du décès d'un nouveau-né, elle a envoyé sur les lieux une première mission d'inspection qui a rendu son rapport. Le lendemain parvenait la nouvelle des deux nouveaux décès survenus dans le même établissement. Nouvelle mission d'inspection.
Décision exceptionnelle
Les deux missions ayant conclu à de nombreux dysfonctionnements, un avis de suspension de toutes les activités chirurgicales et obstétriques a été rendu le 12 janvier dans la soirée. « C'est une décision exceptionnelle tout comme l'est une telle série, estime Gérard Dumont, directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation . C'est la première fois depuis quatre ans que je suis amené à prendre une telle décision. Mais dans un contexte de décès à répétition, les problèmes de mise aux normes et de protocole de fonctionnement relevés dans cet établissement justifient pour un temps la suspension des activités. Nous ne savons pas s'il existe une corrélation entre ces dysfonctionnements et les décès survenus, mais nous estimons que, dans le doute, la prudence prévalait. »
Après le décès survenu le 28 décembre, la direction de la clinique a suspendu l'un des trois gynécologues-obstétriciens de l'établissement et saisi le Conseil de l'Ordre des médecins. Mais l'affaire a glissé du terrain médical au terrain judiciaire. Le parquet de Boulogne-sur-Mer a en effet ouvert une information judiciaire contre X pour homicide involontaire et un juge d'instruction sera désigné pour instruire les trois affaires. Le SRPJ de Lille sera chargé des investigations. Il faudra attendre plusieurs jours pour connaître les résultats de l'autopsie et déterminer s'il y a eu faute. Dans l'immédiat, les patientes de La Tamise sont aiguillées vers le centre hospitalier de Calais qui a renforcé ses équipes d'anesthésistes et de maternité pour faire face à cet afflux imprévu.
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