Cancer du sein, déculpabilisons les patientes !

Publié le 23/10/2020
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En plein « Octobre rose », Confidences et vérités sur le cancer du sein, le premier ouvrage du Dr Krishna Clough, tombe à pic. Avec humanité, le chirurgien pourfend les fausses croyances et discours culpabilisants associés aucancer du sein, qui ne font qu’accentuer la douleur physique et psychique des patientes.

Depuis 35 ans qu’il exerce, le Dr Krishna Clough n’a qu’une ambition : réparer les femmes et les protéger pendant leur traversée du cancer. L’interne en gynécologie, qui suivait en parallèle un cursus de chirurgie générale, a trouvé sa voie lors d’un stage à l’institut Curie. En un temps où « l’on abordait les maladies du sein à la toute fin du programme de médecine » et où « la conservation du sein ou la réparation sophistiquée n’étaient pas très poussées », il a pris la décision, inédite à l’époque, de se former à la chirurgie plastique. D'abord à Curie, puis en 1989 à Atlanta, d’où tous les grands papiers sur la reconstruction du sein sont sortis. Avec une obsession : « faire de la chirurgie du cancer à moindre mutilation ».

Un « accident de la vie »

Mutiler le moins possible, c’est aussi le fil directeur de son livre, qui s’adresse avec beaucoup d’humanité aux femmes pour les rassurer. Cet ouvrage très accessible se destine aussi largement à l'entourage et aux professionnels de santé qui les accompagnent. Lorsque l’on est touchée par un cancer du sein, le bistouri n’est pas le seul vecteur de blessure, souligne l’oncoplasticien, qui a ouvert en 2005 l’Institut du sein Paris. À 60 ans, révolté, il pourfend tous les discours ambiants qui contribuent à faire culpabiliser les patientes, les épuisant dans la recherche obsédante d’un « pourquoi moi ? » à un moment où elles ont juste besoin d’être soutenues pour garder leurs forces.

L’utilité du dépistage ? Mille fois oui : « Je suis tout autant terrifié par les femmes qui ne le font pas que par les personnes qui ne mettent pas leur ceinture de sécurité. » Mais l’urgence à se faire opérer, sans avoir pris le temps de digérer et de choisir son équipe, non. « C’est une réalité : le cancer du sein, à de rares exceptions près, n’est pas une maladie urgente à un mois près », observe le chirurgien.

Pas de cancers sans tabac, alcool ou obésité ? « Des études passionnantes montrent en effet que plus de 30 % des cancers seraient évitables parce qu’essentiellement liés à de mauvaises habitudes de vie », et c’est le message préventif de l’INCA. Mais dans 93 % des cas, une fois exclus les cancers génétiques, on n’en connaît pas la cause exacte. « Le cancer est un accident possible de la vie », insiste le Dr Clough. L'auteur dénonce les gourous modernes qui l'associent sans aucun fondement scientifique à la pilule, au déodorant à l’aluminium, au stress, à un divorce ou deuil mal digéré, ou encore à une alimentation trop sucrée.

Confidences et vérités sur le cancer du sein, éditions Larousse, 150 pages, 14,95 euros.

Claudine Proust

Source : Le Généraliste