Canicule : le coup de gueule d'un généraliste après une panne d'électricité dans un Ehpad

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Publié le 28/06/2019

Il est 9 h 30 jeudi 27 juin matin lorsque le Dr Jean-Paul Hamon, généraliste à Clamart (92) et président de la Fédération des médecins de France (FMF), se rend dans l'unité Alzheimer de l'Ehpad Alphonse Daudet comme toutes les semaines. Mais ce jeudi n'est pas tout à fait comme les autres. Malgré l'horaire matinal, en plein épisode caniculaire, les températures avoisinent déjà les 30 degrés. Quelle n'est pas la surprise du Dr Hamon lorsqu'il apprend à l'occasion de sa visite auprès d'une patiente de 90 ans que l'Ehpad n'a plus d'électricité. Une coupure générale du réseau est en cours – elle a duré 4 heures – et l'établissement n'est pas doté de groupe électrogène de secours. Pour le Dr Hamon, c'est la goutte de sueur de trop.

Selon lui, l'Ehpad n'avait pas besoin de cet événement pour être en surchauffe. « Cela fait quelques années que je dénonce l’absence de volets extérieurs sur la façade Sud-Est de cet établissement pourtant flambant neuf. Les chambres sont transformées en véritable four dès 10 heures du matin et le manque de personnel fait que les heureux pensionnaires subissent une température qui frise les 40 jusqu’à ce qu’ils puissent être descendus dans l’unique pièce climatisée », raconte le généraliste. Hier, le Dr Hamon a demandé de sortir immédiatement des brumisateurs pour faire patienter les pensionnaires en attendant la reprise du courant. « Il y en avait seulement 8 dans les frigos. 8 pour 100 personnes âgées ! », s'alarme-t-il.

Pensionnaires bloqués dans les étages

Autre problème de taille, la coupure d'électricité empêche les ascenseurs de fonctionner, tout comme les lève-malades. « Pendant ma visite je me dis que dans une heure, les anciens vont commencer à cuire, coincés dans leurs chambres surchauffées ». La patiente du Dr Hamon, dont la chambre est située à l'Ouest, bénéficie encore du peu d'air frais qui circule ce jeudi matin. « À la fin de la visite, je me dis qu'elle a encore quelques heures de répit avant de chauffer à son tour », se rassure avec peine le généraliste.

Le Dr Jean-Paul Hamon en appelle donc à l'action des pouvoirs publics. « Le premier épisode meurtrier de canicule date de 2003. Chaque été, on voit les membres des gouvernements arpenter les urgences et les Ehpad affirmant que tout est prêt. Mais force est de constater qu’il y a des trous dans la raquette. » Le généraliste de Clamart estime par ailleurs que les conséquences du manque de personnel dans les Ehpad se font d'autant plus ressentir en période de canicule. « Les anciens sont remontés dans leurs chambres à 17 heures Il faut dégager un budget intérimaire pour éviter de passer de 3 personnels pour 20 pensionnaires à 1 pour 40 à partir de 19 heures », conclut le Dr Hamon.

Contacté par Le Généraliste au sujet de la coupure de courant d'hier, l'Ehpad Alphonse Daudet de Clamart n'a pas encore donné suite à nos sollicitations.


Source : lequotidiendumedecin.fr