2014 comme vous l’avez vécue

Ce que les généralistes ont aimé ou détesté au cours de l'année

Publié le 29/12/2014
Les douze mois qui s’achèvent n’ont pas été fastes pour les généralistes. À la veille de la grève, notre sondage GMG confirme qu’en cette fin d’année, les motifs de ressentiment sont plus nombreux que les occasions de réjouissance. Dans ce contexte difficile, les éclaircies sont à trouver ailleurs que dans l’exercice quotidien des médecins de famille. Mais elles existent : nouvelles armes dans la lutte contre l’alcoolisme, éradication en vue pour l’hépatite C ou perspectives nouvelles pour le dépistage des cancers.

C’est un rejet massif et durable, et presque un abcès de fixation chez les praticiens. Comme l’an passé, notre enquête GMG* montre une opposition farouche mêlée d’inquiétude sur la généralisation du tiers payant. Pour six généralistes sur dix, ce chantier reste encore le motif numéro un d’agacement en 2014. La grève qui va débuter dans quatre jours devrait donc se nourrir largement de cette opposition. Toutefois, pour une minorité de la profession, il y a plus grave encore : 15 % de nos lecteurs font du harcèlement des caisses leur principal désagrément alors qu’un sur dix préfèrent évoquer la mise sous entente préalable de certains hypocholestérolémiants ou le rationnement financier sur le DPC. Quant à l’échec des négociations sur le travail d’équipe (1 %), il ne semble pas avoir ému grand monde.
 

Il se confirme toutefois que 2014 sera une année à oublier au plus vite pour les médecins généralistes. Quand on leur demande quel a été leur principal motif de satisfaction de l’année, c’est en effet... le mouvement de protestation unitaire de fin d’année qui vient en tête, cité par un gros tiers (37 %) de nos lecteurs. Ils sont cependant presque autant (31 %) à saluer d’abord l’amélioration de la prise en charge maladie des femmes médecins pendant leur grossesse. Un signe qui en dit long sur les attentes des médecins quant aux évolutions de leur couverture sociale : comme quoi, vos syndicats tapent dans le mille quand ils réclament l’élargissement du statut de PTMG (praticien territorial de médecine générale) à tous les médecins. En comparaison, le bonus de rémunération sur la ROSP (Rémunération sur Objectif de Santé Publique) ou sur les consultations aux plus de 80 ans n’est retenu que par un médecin sur dix. Quant à l’annonce du forfait médecin traitant de l’enfant, seuls 7 % de convaincus en font leur miel : trop loin, trop incertain, pas assez concret sans doute pour être déjà savouré…

 

[[asset:image:3811 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]

 

Prise en charge de l’alcoolisme, la révolution thérapeutique

Plutôt chiche sur l’ordinaire des médecins de famille, l’année qui s’achève aura été plus riche sur leur environnement scientifique. À commencer par une petite révolution dans les stratégies de lutte contre l’alcoolisme : de ce point de vue, la RTU du baclofène dans cette indication et l’arrivée sur le marché du nalméfène sont considérés par 43 % des généralistes comme majeurs pour la santé publique. Et pour cause : elles viennent combler un vrai manque dans l’arsenal thérapeutique à disposition du médecin traitant. En face, seule la fourniture d’appareils d’automesure tensionnelle tient la comparaison, citée par près d’un sondé sur cinq. En revanche, une mesure symbole comme l’avènement du paquet neutre pour les cigarettes, laisse de marbre la plupart des généralistes, quoiqu’abondamment vantée par les médias lors de l’annonce du plan tabac de Marisol Touraine en septembre.
 

[[asset:image:3816 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]

 

Pollution, antiobiorésistance, deux grands défis sanitaires pour demain

Décidément, la profession regarde l’actualité avec des lunettes de praticiens, à l’affût des changements qu’elle pourrait induire un jour sur le colloque singulier. Sous cet angle, la plus importante innovation médicale de ces douze derniers mois, ce n’est pas le succès du cœur Carmat, après quatre mois et demi de vie pour le second patient. Même si cette prouesse est tout de même citée par près de 20 % des généralistes, c’est le test sanguin mis au point pour le dépistage précoce du cancer du poumon qui est mis en avant par 39 % des sondés. Annoncée en novembre par l’équipe du Pr Paul Hofman (CHU de Nice), cette découverte pourrait encore mettre quelques années avant de devenir un outil diagnostique. Mais le bond en avant qu’elle représenterait pour le dépistage précoce des cancers intéresse de près les généralistes.

Reste que l’arrivée des nouveaux traitements révolutionnaires qui pourrait guérir de l’hépatite C – et dont le coût inquiète tant les pouvoirs publics – ne laisse pas indifférent les médecins interrogés puisque, 20 % d’entre eux en font l’innovation médicale numéro un de l’année.

Après les espoirs, notre enquête de fin d’année a fait un coup de sonde sur les craintes pour demain. Et il faut reconnaître que les avis sont partagés. La menace sanitaire la plus redoutée ? Les risques environnementaux sur la santé, cités par 34 % des médecins de ville. Un fléau très médiatisé, à la faveur de toutes récentes études capables de mesurer désormais les particules les plus fines… et les plus nocives. Et une vraie implication pour nombre de médecins de terrain, qui se sont mués en lanceurs d’alerte ces dernières années.

Ce n’est pas le seul motif d’inquiétude des professionnels de santé. La preuve : ils sont à peu près autant (33 %) à pointer du doigt la résistance aux antibiotiques comme la menace numéro un pour demain. Les généralistes ne sont d’ailleurs pas les seuls à s’en tracasser, puisqu’on s’en préoccupe au plus haut niveau jusque dans les enceintes de l’OMS ou à l’Agence du Médicament qui vient de tirer la sonnette d’alarme sur la reprise de la consommation d’antibiotiques en France.

Dans ce contexte, les autres menaces sanitaires apparaissent beaucoup plus lointaines aux yeux des médecins de terrain. Ainsi l’éventualité d’une cyber-attaque paralysant nos systèmes de santé n’est prise au sérieux que par 6 % des sondés. Et pourtant, dans un récent rapport, MacAfee, le spécialiste américain de la sécurité sur Internet redoutait que les objets connectés de santé ne soient, dès l’an prochain, la cible des hackers…
 

[[asset:image:3821 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]

 

*Enquête GMG Santé (Groupe Marketing Global Santé) menée par téléphone du 3 au 11 décembre 2014 ; 200 médecins généralistes interrogés
La Rédaction

Source : lequotidiendumedecin.fr