Le Dr Jean L. est médecin généraliste à Paris où il exerce à mi-temps. Parallèlement, il est médecin-conseil à la RATP et donne aussi des cours à la fac. S’il se sent quelques affinités avec les médecins de Balzac et de Zola, c’est surtout le médecin Céline qui l’impressionne.
Les personnages de médecins de romans vous ont-ils influencé dans votre pratique ?
Certains auteurs m’ont marqué… Mais dire qu’ils m’ont influencé sur ce que je suis aujourd’hui, je ne peux pas aller jusque-là. Quand j’étais au lycée, on étudiait pas mal Balzac et Molière. Mais les médecins de Molière donnaient plutôt envie de faire autre chose que de la médecine… Molière, c’est plutôt la caricature du médecin, alors que les médecins de Balzac ou de Zola étaient plus inspirants. Dans la misère tout est noir, tout est gris, sauf les médecins qui apportent un petit peu de bonheur dans la maison.
Êtes-vous aujourd’hui plus sensible à des livres parlant de médecine ou écrit par des médecins ?
Pas forcément, c’est plus des livres lus plus jeune qui me restent en mémoire comme Les Hommes en blanc d’André Soubiran. C’est mon grand-père médecin qui m’avait offert ce livre alors que j’avais une vingtaine d’années et que je faisais mes études de médecine. Ces grands patrons et leur aura, ça m’impressionnait vraiment… « Le Voyage au bout de la nuit » de Céline, lu également au cours de mes études, m’a aussi beaucoup marqué,
Vous avez lu Céline par hasard ?
Non, on m’en avait parlé comme étant à l’époque le premier best-seller et je l’avais lu avec plaisir.
J’avais trouvé dans le personnage de Bardamu, un médecin aussi passionnant que détestable. Mais savoir si ça m’a influencé dans un sens ou l’autre, c’est plus compliqué à dire… Comme tout le monde, j’ai lu aussi « La Maladie de Sachs » mais ça ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Un autre médecin m’a beaucoup marqué quand j’étais ado, pas dans un roman mais dans la presse et on en avait fait beaucoup cas en Auvergne où je vivais alors. C’était un médecin de compagne un peu marginal et spécial qui faisait ses visites avec le traîneau et les chiens de Paul-Emile Victor qu’il avait récupérés. Il allait faire ses visites l’hiver à la campagne avec cet équipage. Il y avait là de quoi frapper l’imagination.
Pour en revenir à Céline, j’ai lu aussi sa thèse sur Semmelweis, l’ « inventeur » de l’asepsie. Ce travail se lit avec plaisir, comme un roman. Rien à voir avec les thèses d’aujourd’hui. C’est de la vraie littérature où il décrit toute la démarche de Semmelweis qui a découvert qu’en évitant de serrer les mains on diminuait la mortalité périnatale à Budapest. Je l’ai lue il y a une dizaine d’années.
Céline est passionnant dans sa complexité…
Il faut faire la différence entre le personnage de Céline, très controversé, et son œuvre. Entre l’écrivain et l’homme, pas forcément très recommandable.
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