De notre correspondante
LA PROSTATECTOMIE radicale, la radiothérapie et la curiethérapie (ou brachythérapie, c'est-à-dire l'implantation de grains radioactifs dans la prostate) sont trois traitements reconnus dans le cancer localisé de la prostate (stade T1 et T2).
Pour choisir l'option thérapeutique la plus adaptée, l'urologue et le patient doivent prendre en compte l'âge, les critères pronostiques, la morbidité liée à chaque type de traitement.
Des études précédentes sur la qualité de vie après prostatectomie radicale ou radiothérapie conventionnelle ont relevé des incontinences urinaires, des troubles intestinaux et/ou sexuels. Les données manquent sur la qualité de vie après les traitements plus récents tels que la curiethérapie et les anti-androgènes adjuvants à la radiothérapie.
Les déterminants de la qualité de vie.
«Nous avons cherché à identifier les déterminants de la qualité de vie après les traitements actuels du cancer de la prostate et à mesurer leur impact sur la satisfaction des patients et de leurs partenaires», note l'équipe dirigée par le Dr Martin Sanda (Boston) dans le « New England Journal of Medicine ».
Une étude prospective a été conduite dans neuf hôpitaux universitaires américains entre 2003 et 2006. Plus de 1 200 hommes (63 ans en moyenne) atteints d'un cancer de la prostate localisé (stade T1 et T2), et 625 épouses ou partenaires ont été évalués.
Le traitement a consisté en une prostatectomie radicale pour 602 hommes (épargnant les nerfs érecteurs chez 561 patients), une curiethérapie pour 306 hommes (isolée chez 271 patients, et combinée à la radiothérapie externe et/ou aux antiandrogènes chez 35 patients), une radiothérapie externe pour 292 hommes (avec antiandrogènes chez 90 patients).
La qualité de vie et la satisfaction après traitement ont été évaluées à l'aide de questionnaires téléphoniques avant traitement et à 2, 6, 12 et 24 mois. L'étude a ainsi examiné : la sexualité, la fonction intestinale, l'incontinence urinaire, mais aussi d'autres problèmes courants jusqu'ici négligés, comme les troubles mictionnels, par hypertrophie de la prostate, la vitalité et les troubles d'origine hormonale (fatigue, changement de poids, gynécomastie, dépression, bouffées de chaleur).
Chacune des trois thérapeutiques principales est associée à un retentissement unique sur la qualité de vie.
Les effets secondaires de la prostatectomie sur la fonction sexuelle sont notables, mais atténués (sans être éliminés) par les interventions épargnant les nerfs érecteurs. Une incontinence urinaire est observée, mais l'irritation et l'obstruction urinaires s'améliorent, en particulier chez les patients qui présentaient une hypertrophie de la prostate.
Les patients du groupe curiethérapie signalent une irritation urinaire prolongée, des troubles intestinaux et sexuels, ainsi que des problèmes transitoires en matière de vitalité ou de fonction hormonale.
L'hormonothérapie adjuvante.
Chez les patients sous curiethérapie ou radiothérapie externe, l'hormonothérapie adjuvante est associée à de plus mauvais scores de qualité de vie dans divers domaines. Elle retentit profondément sur la vitalité et la sexualité. «Nos résultats atténuent l'enthousiasme pour l'hormonothérapie adjuvante dans ce type de cancer», notent les auteurs.
Aucun décès lié au traitement n'est survenu. Les effets secondaires sérieux sont rares.
Les symptômes liés au traitement sont exacerbés par l'obésité, une prostate de grande taille, un taux élevé de PSA et un âge plus élevé.
Cette étude est le premier travail multicentrique à évaluer la satisfaction par rapport au résultat thérapeutique et à inclure également les partenaires. Elles montrent que les effets secondaires du traitement sur la qualité de vie jouent un rôle important pour le patient et son conjoint.
Dans l'ordre d'importance décroissante, les symptômes liés à la fonction sexuelle, à la vitalité et à la fonction urinaire affectent indépendamment les patients. La qualité de vie liée à la fonction sexuelle affecte également la partenaire.
Il apparaît que les Noirs sont moins satisfaits du résultat thérapeutique, en dépit d'un cadre de soin similaire, mais les auteurs n'ont pas pu déterminer si cette différence reflète une différence dans la qualité des soins, dans l'attente des patients, ou dans la biologie du cancer.
Fonder le choix thérapeutique «sur la base simplement de l'âge du patient et de la sévérité du cancer n'est plus valable», souligne dans un communiqué le Dr Sanda. Comme le notent les chercheurs, cette étude est limitée par l'absence de randomisation. «Par conséquent, cette analyse n'est pertinente que sur l'attente du résultat dans chaque groupe thérapeutique et non pour une comparaison entre les différents traitements.»
Sanda et coll., « New England Journal of Medicine », 20 mars 2008, p. 1250.
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