Chez l'enfant, les écrans nuisent gravement à la parole

Publié le 14/01/2020
Enfant de 4 ans jouant sur un smartphone

Enfant de 4 ans jouant sur un smartphone
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Ce que l’on supposait déjà vient d'être confirmé par les résultats d’un travail du BEH : les écrans multiplient par trois, voire six, le risque de troubles du développement du langage de l’enfant. Des études internationales avaient déjà montré l’effet délétère de la télévision sur l’apprentissage du langage. Cette étude réalisée en Ille-et-Vilaine sur près de 300 enfants âgés de 3 ans et demi à 6 ans et demi a le mérite de le confirmer sur tout type d’écran, à savoir : smartphone, tablette, ordinateur et console de jeux.

Regarder les écrans le matin avant d’aller à l’école est particulièrement toxique. « L’exposition aux écrans dès le matin épuise l’attention de l’enfant qui se retrouve moins apte aux apprentissages pour le reste de la journée », écrivent les chercheurs. Ces troubles attentionnels ont été décrits à plusieurs reprises et traduisent un mode particulier de fonctionnement du cerveau qui se met en mode automatique et non en concentration volontaire. Or, seule l’attention focalisée permet aux enfants des acquisitions scolaires alors que l’attention réflexe aux écrans « les excite et les épuise », pour reprendre les mots des chercheurs.

Informer les parents

La présence d’écran altère aussi l’interaction émotionnelle avec l’entourage, une condition nécessaire à la maîtrise des codes langagiers. Ce manque d’interaction aggrave la situation : le surrisque de trouble du langage associé aux écrans n’est plus de trois mais de six si les enfants n’échangent pas avec les adultes. Des études montrent que livrés à eux-mêmes, les jeunes n’apprennent rien et peuvent aussi être exposés à un contenu inapproprié à leur âge.

Pour arriver à ces conclusions, les auteurs ont réalisé une étude cas-témoins avec 167 enfants présentant des troubles du langage et un groupe contrôle de 106 jeunes indemnes de tout problème de ce type. Ils ont constaté que les enfants passaient en moyenne 75 minutes par jour sur les écrans, la durée moyenne d’exposition le matin étant de 20 minutes. Côté équipement, une très grande majorité avait la télévision (95 %), plus de la moitié avait accès à une tablette, et environ un tiers à un smartphone, une tablette ou une console de jeux. Déplorant le manque de consensus international sur l’exposition aux écrans, les chercheurs estiment que « les professionnels de santé de la petite enfance ont un rôle important à jouer dans la prévention en informant les parents sur les risques encourus »

Dr Muriel Gevrey

Source : lequotidiendumedecin.fr