Après s’être « entraîné » en pratiquant 48 greffes cardiaques sur des chiens de 1961 à 1967, le chirurgien sud-africain Christian Barnard décida le 3 décembre 1967 de tenter la première greffe cardiaque à l'hôpital « Groote Schuur » du Cap sur l’homme. Avec son équipe, il va implanter le cœur d'une jeune femme de 25 ans, Denise Darvall, décédée dans un accident de la route, chez un malade cardiaque de 53 ans, Louis Washkansky.
Une opération qui va durer dix heures
L'opération qui se déroula pendant près de dix heures nécessita une équipe d'une trentaine de personnes. Washkanski survivra dix-huit jours. La haute dose de radiations qu'il avait subies en vue d'éviter le rejet du nouveau cœur l'exposait à la moindre infection et il succomba à une pneumonie massive bilatérale.
En plein apartheid, l'opération permit également de sauver Jonathan van Wyk, un jeune noir de 10 ans souffrant d'insuffisance rénale, grâce au rein droit de Denise Darvall qui lui fut transplanté. Pour avoir prélevé le premier cœur humain battant, c'est-à-dire sur un cadavre en état de mort cérébrale, maintenu artificiellement en vie, Christiaan Barnard aura levé un tabou à l'occasion de cette première greffe cardiaque : faire admettre une définition de la mort en terme de fonction cérébrale, alors qu'elle se basait légalement sur l'arrêt du cœur et de la circulation sanguine.
Des résultats peu convaincants au début
Barnard et l'équipe du Groote Schuur réalisèrent le 2 janvier 1968 une deuxième transplantation sur Philip Blaiberg, dentiste blanc de 58 ans, grâce au cœur d'un jeune pêcheur noir victime d'un accident de la route. Le traitement antirejet avait été allégé pour diminuer le risque d'infection et Philip Blaiberg put rentrer chez lui deux mois après l'opération mais il décédera le 9 août. La même année, deux autres transplantés survivront respectivement 12 et 23 mois. La transplantation d'un cœur humain à un receveur allait vite se répandre et une centaine de transplantations cardiaques ont été réalisées dans le monde au cours de l'année 1968 mais avec de piètres résultats en terme de survie.
La ciclosporine donne un nouvel essor à la greffe cardiaque
La technique chirurgicale était au point, mais l'euphorie fut alors de courte durée, le rejet étant mal maîtrisé par les immunosuppressives employées à l'époque. De nombreuses équipes chirurgicales, désenchantées, abandonnent les unes après les autres. Il faudra attendre le début des années 1980 et l'apparition de la cIclosporine, pour que la greffe cardiaque connaisse un nouvel essor.
De tous les patients transplantés en 1968, un seul survivra plus de 18 ans : Emmanuel Vitria (1920-1987), opéré à Marseille le 27 novembre par les Prs Edmond Henry et Jean-Raoul Montiès. Barnard, pour sa part, fut aussi un pionnier dans de nouvelles techniques à risques avec par exemple, les doubles transplantations (1974), les valves mécaniques et l'utilisation de greffons cardiaques animaux pour les traitements en urgence (1971). Il effectua 10 transplantations orthotopiques et avec son équipe 48 transplantations hétérotopiques entre 1975 et 1983. Victime de rhumatismes aux mains, le chirurgien sud-africain dut cependant cesser ses activités de chirurgien cardiaque en 1983. Ia recherche contre le vieillissement l’occupa alors mais sa réputation fut entachée en 1986 pour avoir fait la promotion d'une crème anti-âge, le Glycel, dont on faisait un nouvel élixir de jouvence et qui fut très vite retiré du marché par la Food and Drug Administration. Barnard décéda le 2 septembre 2001 à Chypre d'une crise cardiaque à l’âge de 78 ans.
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