Patients à risque

Comment améliorer le taux de vaccination des patients dialysés chroniques

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Publié le 07/07/2022
Afin d'améliorer le taux de vaccination anti-pneumococcique des patients dialysés, le CHR de Metz-Thionville a mis en place un processus vaccinal dédié. Récit par deux pharmaciens hospitaliers qui ont présenté leur initiative lors du congrès Hopipharm 2022.
De gauche à droite : Alexia Lhermitte, Gregory Rondelot

De gauche à droite : Alexia Lhermitte, Gregory Rondelot
Crédit photo : DR

« En mars 2021, durant la crise Covid, le tour de force a été de vacciner l'ensemble des patients dialysés à l'hôpital », explique Grégory Rondelot, chef des deux PUI du CHR de Metz-Thionville et référent vaccination Covid.

Or il existe une sous-vaccination forte contre le pneumocoque et l'haemophilus, avec une couverture vaccinale loin d'être satisfaisante : en 2018, pour l'APC*, sur son territoire, elle est estimée à 3,3 % chez les patients à risque et de 18 % chez les immunodéprimés, un niveau inférieur à la moyenne nationale.

Après une concertation avec les infectiologues et néphrologues, une campagne de vaccination à destination des insuffisants rénaux est lancée. « Si on a pu le faire avec le Covid, il faut le faire aussi avec les autres maladies infectieuses », ajoute Grégory Rondelot. « Depuis la crise sanitaire, le rôle du pharmacien est devenu central pour rassurer les patients et les soignants qui ont peur des vaccins », complète Alexia Hermitte, pharmacienne au CHR Metz-Thionville et responsable des anti-infectieux et de la pharmacie clinique. La crise sanitaire a permis un élargissement des compétences des pharmaciens.

Moyens

Pour mettre en place le processus de vaccination, un recueil rétrospectif et l'extraction de données vaccinales ont été réalisés entre février et avril 2022. Ensuite un entretien a été réalisé en service d'hémodialyse avec les patients. Par la suite, un carnet vaccinal numérique (CVN) a permis d'enregistrer les données des patients. Lequel n'est pas pour l'instant encore déversé dans l'espace de santé numérique, ce que déplore Grégory Rondelot. Et rend difficile le travail des praticiens pour connaître le schéma vaccinal de leurs patients. Enfin, les vaccins sont mis à disposition des PUI qui traitent le schéma vaccinal, toujours en cours. Tous les médecins et pharmaciens hospitaliers impliqués dans le projet ont validé ces outils utilisés dans ce parcours.

Résultats

Sur 90 patients interrogés par l'hôpital, plus des deux tiers présentaient un schéma vaccinal incomplet ou inconnu. Au final, sur 58 dossiers analysés, 43 patients (75 % du total) ont accepté de rentrer dans le schéma vaccinal. Sur ces 43 patients, seuls 36 ont accepté le principe d'un CVN. Les 7 restants ont opté pour un carnet de vaccination papier. Avec les rappels, la vaccination peut durer plusieurs mois. Commentaire d'Alexia Hermitte : « Il y a une énorme marge de progression. Nous avons ciblé les patients dialysés, mais tous les autres patients à risque comme les diabétiques, les insuffisants cardiaques devraient aussi être vaccinés. » Pire, selon Gregory Rondelot, concernant les patients défavorables à la vaccination, « alors que le tableau de vaccination chez les immunodéprimés est clair sur le caractère obligatoire, celui des insuffisants rénaux l'est beaucoup moins. » Au final, les effets de cette campagne sont positifs, aussi bien pour les patients que pour la communauté médicale de l'établissement.

* antipneumococcique

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Source : lequotidiendumedecin.fr