Des praticiens se mobilisent face à la désertification

Dans le Nord, trois maisons de santé pour le prix d’une

Publié le 19/11/2015
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« Quand tu auras désappris à espérer, je t’apprendrai à vouloir ». Le Dr Yves Dubuissez n’est pas Sénèque mais il cite volontiers le philosophe stoïcien pour illustrer l’état d’esprit nécessaire aux médecins qui souhaitent, comme lui, se lancer dans un projet de maison de santé pluridisciplinaire (MSP).

En compagnie des élus locaux, ce médecin généraliste de Glageon (Nord) a enfin assisté à la pose des trois premières pierres du triple chantier qu’il porte depuis six ans avec plusieurs professionnels en exercice dans cette zone rurale du Sud Avesnois, en proie à la désertification médicale.

Trois structures pluridisciplinaires de 600 m2 à 900 m2 devraient donc ouvrir leurs portes à l’été 2016 dans les petites villes d’Anor, Trélon et Fourmies, distantes l’une de l’autre d’une dizaine de kilomètres. Dix cabinets médicaux sont prévus – dont cinq déjà pourvus par trois médecins installés et deux jeunes professionnels. Des locaux seront dédiés à la chirurgie dentaire, aux soins infirmiers, à l’ostéopathie, aux urgences, aux services de PMI ou à d’autres professionnels de santé en vacation. Des logements seront réservés aux internes de médecine en stage. Coût total : quatre millions d’euros.

Passage de témoin

« Le projet est hypermotivant, commente le Dr Christophe de Sa, remplaçant de 30 ans et futur généraliste dans la maison d’Anor. Exercer seul était clairement effrayant pour moi. » Outre l’intérêt du travail en équipe, le jeune homme se dit « rassuré » par le projet de télémédecine (téléexpertise en dermatologie) prévue en partenariat avec le centre hospitalier de Maubeuge, pour pallier le manque de spécialistes. Du cru, le médecin a eu vent de la création de la MSP en effectuant son stage d’internat auprès d’un des trois médecins engagés dans le projet.

Comme souvent, la création d’une MSP a autant pour but d’attirer les jeunes professionnels que de sécuriser la prise en charge des patients dont les médecins sont sur le départ. « Mon cabinet est une dépendance de mon lieu de vie, il m’appartient et ne me coûte rien, témoigne le Dr Dubuissez. Pourtant, à 64 ans, j’ai décidé d’exercer dans une structure où je vais devoir payer un loyer. Cela me permettra peut-être de partir plus tôt en retraite, sereinement, sans m’inquiéter pour les patients. »

Reste à finaliser avec l’ARS Nord-Pas-de-Calais la création d’une société interprofessionnelle en soins ambulatoires (SISA, qui ouvre droit à des financements spécifiques). Ce qui n’est jamais le plus simple des chantiers.

A.B.-I.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9451