D EPUIS le 2 janvier, tous les bovins de plus de 30 mois non testés sont retirés de la chaîne alimentaire. Cette disposition couperet a entraîné la destruction, par incinération, de 1 534 bovins depuis le début de l'année, sans que leur contamination ait été établie (« le Quotidien » du 8 janvier). Ces dysfonctionnements, qui ont jeté le trouble parmi les professionnels et provoqué des manifestations et des embouteillages monstres, n'ébranlent nullement la détermination des pouvoirs publics.
La directrice générale de l'Alimentation, Catherine Geslain-Laneelle, tient à insister sur « la montée en puissance » du dispositif, tout au long du mois de janvier : 18 laboratoires étaient agréés la semaine dernière, indiquent ses services, de 24 à 28 le seront à la fin de cette semaine, de 29 à 37, la suivante, et, à la fin de janvier, ils seront entre 35 et 45 qui réaliseront environ 35 000 analyses, ce qui correspond à la totalité de l'abattage des bovins de cette tranche d'âge.
Western-blot et ELISA
Publics (laboratoires vétérinaires départementaux) ou privés (après agrément par le laboratoire national de référence de l'Agence française de sécurité sanitaire, situé à Lyon), ces établissements procèdent aux tests rapides sur un broyat de tissu cérébral, quel que soit son état de conservation. Une solution de protéinase K est ajoutée, pour éliminer la forme normale de PrPc, seule subsistant, le cas échéant, la forme pathogène de la protéine, la PrPsc. L'homogénat est ensuite mis en contact avec l'anticorps anti-PrP, qui se lie avec la PrPsc si le prélèvement est infectieux.
Chaque laboratoire a le choix entre l'utilisation de deux tests (le test irlandais Enfer n'ayant pas été agréé par l'AFSSA) : le test Prionics, selon la technique western-blot, la protéine PrPsc étant révélée dans un gel d'électrophorèse ; ou le test BIO-RAD, mis au point par l'équipe du Pr Dominique Dormont (centre de l'énergie atomique), qui, selon la technique ELISA, utilise deux anticorps monoclonaux et lit le résultat par spectrophotométrie.
Ces tests sont effectués dans des délais de vingt-quatre heures et, en cas de positivité, il est fait appel à une confirmation par l'analyse du laboratoire national de référence de Lyon, disponible, quant à elle, sous huitaine. Ce n'est qu'en fonction des résultats de cette analyse qu'est prononcée la mesure de police sanitaire de l'abattage de tout le cheptel dont provient la carcasse.
Catherine Geslain-Laneelle a précisé qu'elle reste dans l'attente de cette confirmation pour un bovin du Calvados, détecté positif par test rapide, dans le cadre du programme de dépistage systématique sur les bovins de plus de 30 mois, alors que cet animal est né après la « sécurisation » des farines animales, à la mi-1996. Un positif qui constituerait une première, s'il était vérifié.
Cela dit, le dispositif d'épidémiosurveillance n'est pas encore parfait, convient la directrice générale de l'alimentation, faisant état d' « anomalies » observées dans les abattoirs, lors, en particulier, du « bon tri » des matériaux à risques spécifiés (MRS). Sans qualifier le problème de « dramatique », elle le juge suffisamment préoccupant pour proposer à l'AFSSA et au Comité sur les encéphalopathies spongiformes transmissibles, dit comité Dormont, une « enquête approfondie sur les procédures sanitaires en vigueur » dans les quelque 280 abattoirs de l'Hexagone.
A cet effet, le ministère de l'Agriculture attend l'accord de son collègue des Finances pour lancer le recrutement de 300 agents supplémentaires, pour améliorer les procédures de contrôle.
Un coût qui s'ajoute à celui des tests ; le kit et les réactifs sont pris en charge par l'Union européenne ; la logistique et l'analyse du dépistage restent à la charge des laboratoires, lesquels le répercutent sur les intermédiaires successifs, jusqu'au consommateur (soit une charge estimée entre 1 F et 1,50 F le kilo de carcasse).
Crise gouvernementale en Allemagne
L'irruption officielle très tardive, le mois dernier, de la maladie de la vache folle en Allemagne, a déclenché une telle tempête dans le pays que les ministres de la Santé et de l'Agriculture, Andrea Fischer et Karl-Heinz Funke, mis en cause pour leur gestion de la crise, ont présenté leur démission. Les dissensions entre ces deux membres du gouvernement auraient largement contribué à freiner les réactions officielles sur l'ESB et à entretenir jusqu'au mois dernier l'aveuglement qui a fait croire à l'opinion qu'elle pouvait être à l'abri de l'épizootie, comme si le prion n'avait pu franchir le Rhin.
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