Alors que les quelques médicaments contre la maladie d’Alzheimer commercialisés jusqu’à présent (comme le donézépil, la mémantine, la rivastigmine ou la galantamine) étaient seulement symptomatiques, les premiers traitements étiologiques potentiels de la pathologie neurodégénérative émergent. Tous sont des anticorps monoclonaux qui ciblent spécifiquement les lésions cérébrales associées à la maladie d’Alzheimer, soit les plaques de protéines bêta-amyloïdes ou les agrégats de protéine tau hyperphosphorylée. En réduisant ces dépôts anormaux a priori impliqués dans la pathogenèse, l’espoir n'est pas de guérir la maladie mais d'en ralentir l'évolution, résume le Pr Dubois. .
Bien que la capacité démontrée de ces candidats médicaments à résorber les plaques amyloïdes ne se soit pas encore formellement accompagnée, dans les essais, d’effets cliniques significatifs, des signaux encourageants suggèrent qu’ils diminueraient la pente d’aggravation des malades. Sous réserve d'être administrés tôt car passé un certain stade, « Il y a des réseaux de neurone qu’il est illusoire de penser récupérer, et un processus pourrait même être auto-activé et continuer à évoluer malgré la disparition des plaques », explique le Pr Dubois.
À l’heure actuelle, les anticorps les plus avancés sont ceux qui ciblent les plaques de protéine bêta-amyloïde. Ainsi l’aducanumab a-t-il déjà été autorisé par la FDA surtout sur la base de sa capacité à réduire 59 à 71 % des lésions amyloïdes après 18 mois de traitement. Une homologation soumise à des études complémentaires et controversée, des experts de l’autorité de régulation ayant d’abord rendu un avis défavorable.
D’autres molécules sont dans les tuyaux. À l’instar de celle développée par Eisai, qui, aurait montré en phase II « des résultats intéressants sur sa capacité à la fois à nettoyer les plaques amyloïdes et à améliorer les performances cognitives » rapporte le Pr Dubois. Plus prometteur encore, le donanemab de Lilly, qui devrait entrer en phase 3, pourrait provoquer une régression quasi-totale des lésions et cesser d’être administré après un an.
Des anticorps synthétiques ciblant cette fois la protéine tau hyperphosphorylée sont aussi à l’étude, à l’instar du sorinemab, développé conjointement par la start-up AC Immune et le laboratoire Roche. Cette molécule aurait été associée, en phase 2, à un déclin cognitif moindre.
Quoi qu’il en soit, l’efficacité clinique sur le déclin cognitif mais aussi sur le déclin fonctionnel de tous ces anticorps monoclonaux reste à préciser. Un processus qui pourrait prendre du temps, les bénéfices de ces candidats médicaments étant sans doute à envisager sur un terme long. « Il est possible que les effets observés à court terme dans les essais augmentent proportionnellement au temps », prévoit le Pr Dubois.
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