À Migennes, dans l'Yonne, huit médecins et quatre officinaux ont décidé de relever le défi en intégrant un programme expérimental piloté par l’Unité mixte de développement professionnel continu en santé (UMDPCS) de l’université de Bourgogne. Ils constituent ensemble un « cercle de qualité » selon un modèle développé en Suisse depuis 20 ans.
Pour structurer ces cercles de qualité, l’UMDPCS a développé une plateforme d’e-learning sur laquelle les pharmaciens-animateurs (ainsi formés) accèdent aux données disponibles de la littérature scientifique, à l'analyse des coûts et avantages des thérapies ou à des pistes d’évolution possible. Premier thème : les antibiotiques. Deux autres sujets seront traités courant 2019 : les antalgiques/anti-inflammatoires puis les médicaments de la voie gastro-intestinale. L'objectif est d'établir un consensus autour des pratiques vertueuses, à partir de réunions trois à quatre fois par an (deux heures environ à chaque fois).
Pas de hiérarchie
Le ou les pharmaciens-animateurs réunissent le cercle de qualité pour travailler sur les données de prescriptions du groupe. Cela permet de mesurer les écarts d’un praticien à l’autre et d’en débattre, d’évoquer aussi les médicaments qui ont montré des risques associés parfois sous-estimés voire ignorés des prescripteurs. Le programme prévoit une mise en application des changements et un retour d'expériences.
Thomas Petit, pharmacien à Migennes, attend beaucoup de ce mode d’échange et de formation. Il espère que cela déclenchera « une prise de conscience ». Les pharmaciens « ont quelque chose à apporter en tant que spécialistes du médicament », souligne-t-il. Le Dr Philippe Bonnardot, généraliste au sein de la maison de santé du Migennois, compte sur ces rencontres pour « réduire le risque iatrogénique ». « Ce modèle d’échange sur les pratiques, sans hiérarchie, est très intéressant : il permet de créer de la cohérence dans les discours et les prises en charge », abonde le Dr Patrick Vuattoux, médecin généraliste à la MSP de Besançon Saint Claude, lui aussi engagé.
L’expérimentation nationale – que l’UMDPCS finance sur ses fonds propres – associe déjà neuf équipes de « pionniers », dont 13 pharmaciens-animateurs et 50 médecins, de Paris à Grenoble en passant par des zones rurales. « Les groupes se sont constitués sans difficulté, se félicite Laetitia Morvan, docteur en pharmacologie à l’UMDPCS. Les médecins sont très intéressés par la démarche alors que nous n’étions pas sûrs, au départ, que cela leur conviendrait. »
Pertinence des prescriptions mais aussi efficience médicoéconomique : en Suisse, les cercles de qualité ont fait la preuve de leur efficacité. « L’économie réalisée est évaluée à 37 000 euros par médecin et par an », assure Laetitia Morvan.
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