DE NOTRE CORRESPONDANTE
POUR FAIRE carrière, arrêter de fumer, maigrir, combattre l’angoisse, voire améliorer ses prestations sexuelles. En Italie, l’hypnose fait fureur. Pour preuve, les quelque dix millions de Transalpins devenus accrocs selon un rapport qui vient d’être publié par Cenispes, le centre d’études politiques, économiques et sociales. Enseignée à l’Université de Rome, soit une formation de trois semaines suivie des cours de mise à jour une fois par an, l’hypnose fait désormais partie des sciences officiellement reconnues et pratiquées. Toutefois, les séances ne sont pas encore remboursées par la sécurité sociale sauf dans de rares exceptions. « À Pérouse par exemple, il existe un centre de thérapie stratégique pour les alcooliques pris en charge par le service public. Dans certains hôpitaux, comme à Rome, on pratique l’hypnose dans les services de psychiatrie. Mais ce sont là des exceptions », confie le docteur Marco Macrì. Ce gynécologue qui a choisi de travailler aux urgences d’un hôpital de la banlieue romaine, a suivi un cours d’hypnose auprès de l’université de Rome il y a quatre ans. Depuis, il « endort » ses proches et ses amis juste pour le « plaisir de la science », confie-t-il.
Des motivations diverses.
Mais qu’est-ce qui pousse les Italiens de 18 à 70 ans, qu’ils soient du nord ou du sud, à vouloir sombrer dans cet état comparable selon un patient « à la période d’étourdissement qui précède le sommeil » ? Certains évoquent l’urgence de solutionner un problème après avoir tout essayé. Mais les motivations ne sont pas toutes identiques. Selon le rapport de Cenispes, les habitants de la cité éternelle sont plutôt en quête d’amour et d’amitié et trouvent dans l’hypnose un moyen de contourner les obstacles posés par la timidité et l’incompréhension. Mais à chaque région, sa spécificité. À Naples, c’est le sexe, à Milan le prestige, à Florence la liberté et à Bologne, la réalisation personnelle.
Utilisée en criminologie ou en psychiatrie depuis deux ans, par les spécialistes de la médecine sportive pour aider les athlètes qui ne supportent pas l’idée de la compétition par exemple, l’hypnose fait débat au sein du corps médical. Toutefois, le Conseil de l’Ordre y est plutôt favorable. « À partir du moment où cette discipline est enseignée à l’université, on peut difficilement être contre », déclare Alessandro Sabatini.
Reste que les séances coûtent cher. Quatre-vingts euros les 40 minutes et environ une dizaine de séances pour obtenir des résultats satisfaisants notamment dans le cadre des phobies, un prix élevé, surtout en période de crise. Plusieurs médecins estiment d’ailleurs que la sécurité sociale devrait faire un geste. Ce qui dans l’immédiat n’est pas au programme. Comme partout ailleurs, les comptes sociaux traversent une période de vache maigre et la priorité est donnée aux thérapies traditionnelles. « L’hypnose prescrite par le médecin de famille et remboursée, ce n’est pas pour demain », ironise le Dr Gabriele Carlini, un médecin de quartier qui suit actuellement une formation à l’université de Rome.
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