Biologie médicale, les grandes manœuvres

Des laboratoires indépendants se liguent contre les financiers

Publié le 02/05/2016
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Près de 30 % des laboratoires de biologie médicale seraient détenus par des opérateurs (financiers ou industriels) « étrangers » à la biologie. Face à cette financiarisation galopante du secteur, plusieurs laboratoires ont décidé de s'associer au sein de LaboFrance, un regroupement qui ambitionne de « préserver les spécificités de la biologie médicale française ». 

Cette superstructure, qui s'articule autour de plateaux techniques régionaux, regroupe aujourd'hui plus de 800 laboratoires libéraux, déjà membres de réseaux tels que Labster, BPR, Labosud ou Bio Paris Ouest. LaboFrance annonce un chiffre d’affaires cumulé de 1,2 milliard d’euros sur les 4 milliards d’euros du marché de la biologie médicale.

Le Dr Thierry Bouchet (Bio Paris Ouest) veut croire que la création de LaboFrance sera « l'avenir de la biologie », en consolidant le modèle français de biologie médicale et en maintenant des emplois qualifiés non délocalisables. « Toutes les structures ont un plateau technique moderne et sont accréditées au moins à 50 %, comme le prévoit la loi », précise-t-il.

Les sites couvrent déjà 60 % du territoire et drainent une moyenne de 100 000 patients par jour. L'objectif affiché par LaboFrance est de proposer une prise en charge de proximité de haute technicité. C'est le cas du plateau technique de Bio Paris Ouest – doté de machines dernier cri – ou du laboratoire Imagenome (Labosud), à Montpellier, une plateforme innovante d’analyses génomiques dédié au diagnostic pré et postnatal et à la bio-pathologie.

Attirer les jeunes biologistes

Le groupe revendique davantage de biologistes par site que la moyenne. « Nous essayons de favoriser l'entrée des jeunes biologistes qui, lorsqu'ils s'installent en libéral, ne peuvent pas acheter car l'investissement est trop important », explique le Dr Bouchet. « Les laboratoires valent désormais 100 à 120 % de leur chiffre d'affaires », souligne-t-il.

En pratique, chaque structure est actionnaire de LaboFrance et tous les dirigeants sont des biologistes en exercice. « Chaque associé a mis une certaine somme au départ de l'aventure », explique le Dr Thierry Bouchet. LaboFrance entend ainsi proposer des solutions libérales alternatives à celles des groupes financiers pour les laboratoires souhaitant pérenniser ou transmettre leurs structures. 

 

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9493