Courrier des lecteurs

Des solutions pour les arrêts de travail

Publié le 06/12/2018

D’après BFMTV, le coût des arrêts maladie est de 108 milliards d’euros, l’équivalent du budget de l’Éducation Nationale. Nous sommes dans un système qui culpabilise la population, faute de trouver des solutions. Ici, il s’agit des arrêts maladies. BFMTV ne précise pas si les 108 milliards d’euros représentent le coût réel moins la part des cotisations prélevée chaque mois sur le salaire de chacun. En tout cas, le budget de l’Éducation Nationale est financé non pas par une part des cotisations mais par nos impôts, et il semblerait que ces derniers soient mal utilisés. J’ai toujours entendu le personnel autant que les élèves se plaindre de la médiocrité de fonctionnement de l’Éducation Nationale.

Mais soit : l’arrêt maladie coûte cher. Et on ne nous fournit toujours pas la somme collectée par les parts des cotisations pour que nous puissions rester béats devant le véritable coût. Les mutuelles procèdent ainsi en affichant ce qu’elles ont déboursé et rarement ce qu’elles ont collecté. Il existe de nombreuses commissions réunissant « tous les partenaires sociaux » pour étudier mais ne jamais résoudre le fléau « arrêt maladie ».

Les arrêts longs coûtent le plus, pertinent constat, d’autant qu’ils sont prescrits pour des pathologies lourdes qui ne prêtent à aucune discussion. Et si discussion il y a, le médecin conseil de l’échelon local peut intervenir, soit par un simple coup de fil au médecin traitant soit en convoquant le patient. C’est réalisable. Et le médecin traitant ne sera plus ni suspecté ni mis sous tutelle pour sa prescription. La responsabilité sera commune.

Pour les arrêts de courte durée, nous avions reçu il y a quelques décennies une proposition très intéressante de la part de l’Assurance Maladie. Chaque arrêt court voyait les sorties interdites 24h/24. Nous devions donner l’explication suivante : un arrêt est comme une hospitalisation. Vous n’avez jamais vu un hospitalisé avoir des heures de sortie. On a alors constaté que les propositions d’arrêt étaient souvent refusées et les demandes moins sollicitées.

Sortir du discours de culpabilisation

Pour avoir sympathisé avec un médecin conseil, j’ai su pourquoi ce fonctionnement a été interrompu. N’oublions pas que toutes les branches de la Sécurité sociale ont beaucoup d’absentéisme. N’oublions pas que beaucoup de fonctionnaires ou de salariés du secteur privé peuvent toucher une prime s’ils ne sont pas absents plus de X jours dans l’année. Mais de là à rester enfermé chez soi pour une pathologie bénigne ou non somatique alors les X jours n’étaient plus intéressants. On est donc revenu à l’ancien fonctionnement.

En fait, les vrais malades étaient arrêtés et les médecins n’étaient plus suspectés de complaisance.

D’autre part, j’ai lu d’intéressantes propositions formulées par d’autres médecins au sujet des arrêts maladie. Pourquoi ne sont-elles pas discutées en commission ? Pourquoi reste-t-on toujours dans un discours politique de culpabilisation sans solution autre ? Peut-être y a-t-il dans ces réunions trop d’employeurs ou de syndicalistes de toutes professions hauts placés dans la pyramide ? Ces gens-là ne s’arrêtent jamais, et même on peut dire qu’ils ne prennent jamais de vacances. Ils n’ont en fait aucun document à fournir à eux-mêmes quand ils s’absentent, d’où un regard biaisé sur les solutions.

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Dr Gérard Bulté, médecin généraliste, Paray-le-Monial (71)

Source : Le Quotidien du médecin: 9708