C HACUN a présente à l'esprit cette image d'un singe tenant un miroir d'une main et cherchant à attraper, de l'autre, son image derrière la glace. Hormis certaines espèces supérieures, les singes sont incapables de se reconnaître. Cette marque quasi spécifique de l'espèce humaine, dépend d'une structure cérébrale. Ou tout au moins d'un hémisphère. Restait à la déterminer. C'est cette tâche que se sont assignés quatre chercheurs américains.
Pour parvenir à leurs fins, Julian Paul Keenan et ses collaborateurs ont eu recours à un procédé informatique appelé « morphing », qui consiste à superposer deux images. Ici, le visage très familier du sujet lui-même et celui d'une personnalité fameuse, Marylin Monroe.
Chez les droitiers, l'hémisphère droit permet l'autoreconnaissance alors que le gauche l'ignore, privilégiant le personnage célèbre. Le principe de l'expérience mérite d'être présenté, car original.
Injection intra-carotidienne d'amobarbital
Cinq patients devant subir une anesthésie des hémisphères, pour bilan pré-opératoire d'une comitialité, ont été retenus. L'inactivation unilatérale est obtenue par injection intra-carotidienne d'amobarbital (test de Wada). Au cours des deux phases successives d'anesthésie (droite et gauche), le « morphing » de leur visage et de la célébrité a été présenté aux patients, tout en leur demandant de s'en souvenir. Après dissipation de l'effet anesthésique droit, lors de la présentation des deux clichés qui composent le « morphing », quatre des cinq sujets ont dit avoir vu leur photo pendant la phase d'anesthésie. La même procédure menée après l'anesthésie gauche a suscité par cinq fois la même réponse : « Marylin ».
Une confirmation de cette prédominance a été faite auprès de 10 volontaires sains. En place de l'anesthésie, une stimulation magnétique transcrânienne du cortex moteur droit ou gauche était réalisée, au hasard, pendant la présentation des « morphings ». La reconnaissance de l'un ou l'autre des composants du cliché truqué était évaluée par l'amplitude des potentiels évoqués du premier interosseux dorsal controlatéral. L'association entre hémisphère droit et le propre visage des volontaires a été très significative (p < 0,05).
Il est probable, concluent les auteurs, que l'hémisphère droit est fortement impliqué dans la connaissance du soi, la marque probable d'une conscience d'ordre élevé. Nous ne partageons cette latéralisation poussée qu'avec les singes les plus évolués.
« Nature », vol. 409, 18 janvier 2001, p. 305
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