Endocrinologie-diabétologie

Difficile de se faire entendre

Publié le 06/02/2014
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Le Dr Patrick Bouillot, président du Syndicat national des spécialistes en endocrinologie, diabète, maladies métaboliques et nutrition (SEDMEN), est un peu amer. « Il faut se battre pour être un peu entendu, c’est désespérant », déclare-t-il au « Quotidien ». Il y a plusieurs mois, un livre blanc complet de l’exercice (réalisé avec le soutien logistique de Sanofi) a avancé des propositions pour donner à la discipline les moyens de se développer et de servir la santé publique. Mais depuis, rien n’a bougé ou presque.

Côté libéral, la spécialité veut croire qu’elle ne sera pas oubliée de la stratégie nationale de santé, qui promet un virage sur les soins de premier recours. Pour le Dr Bouillot, « il est urgent de donner à l’ambulatoire les moyens de travailler de façon à éviter des hospitalisations coûteuses ».

Même si l’endocrino-diabétologie est victime de la sous-tarification chronique des actes cliniques, la discipline n’a pas l’intention de pleurer sur son sort. Au contraire, elle a proposé des solutions concertées avec d’autres spécialités, à commencer par la médecine générale, et l’hôpital. Le livre blanc précise par exemple que le spécialiste doit intervenir en appui du médecin traitant, référent et coordonnateur du premier recours. Dans la prise en charge du diabète, trois séquences d’intervention du spécialiste sont précisées : consultation d’orientation à la phase initiale, consultations d’expertise-recours (contrôle insuffisant, complications, grossesse), consultation de coordination à un stade plus avancé (en particulier utilisation de la pompe à insuline).

Rien n’est simple : la mise en œuvre de ce parcours de soins optimisé exige une concertation avec l’assurance-maladie, les ARS, d’autres syndicats... La Haute autorité de santé (HAS) met la dernière main à un nouveau parcours de soins du patient diabétique de type 2. Il faudra tenir compte de la demande et de l’offre de soins, très inégale d’une région à l’autre, insiste Patrick Bouillot, pour qui « rien ne sera possible sans une juste valorisation des actes des endocrino-diabétologues ». Il n’oublie pas deux autres champs majeurs : les pathologies thyroïdiennes et les obésités/surcharge pondérale. « On doit pouvoir offrir aux obèses une prise en charge médicalisée plus structurée et, dans ce cadre, notre discipline doit avoir un rôle moteur. »

 Dr Alain Marié

Source : Le Quotidien du Médecin: 9299