C'est un projet régional lauréat qui bénéficie du régime dérogatoire inscrit dans la loi de financement de la Sécurité sociale de 2018, au titre de l'article 51 sur les expérimentations d'innovation en santé.
Le programme – financé sur cinq ans pour 1,05 million d’euros – propose aux patients souffrant d'obésité d'accéder de façon très lisible à une équipe pluridisciplinaire : médecin nutritionniste mais aussi diététicienne, psychologue et infirmier d’éducation thérapeutique. L'objectif de cette prise en charge globale (remboursée à partir d’octobre) est de permettre l'accès à un véritable parcours médico-éducatif évitant les ruptures de soins dans une région où 16 % des personnes souffrent d'obésité.
Le programme permet de prendre en charge les patients « pour leur obésité ou leurs problématiques nutritionnelles plutôt que pour leur poids », détaille le Dr Cyril Gauthier, médecin nutritionniste à l’origine du projet, référent national des filières obésité-nutrition au sein du groupe Ramsay Générale de Santé. Les bénéfices attendus doivent se mesurer en termes de qualité de vie des patients et de réduction des hospitalisations pour obésité.
Le médecin traitant dans la boucle
Les patients inclus (jusqu’à 750 sur cinq ans à partir de l'automne 2019) seront orientés par leur médecin traitant informé tout au long de l’évolution du processus. Les modalités d’intervention des professionnels de l’Espace médical nutrition et obésité (EMNO) dépendent du malade. « Nous avons identifié cinq profils qui correspondent à des cas plus ou moins complexes – en fonction de l’IMC, de trouble des conduites alimentaires ou encore de l’environnement de la personne », précise le Dr Cyril Gauthier.
Au-delà de la prise en charge globale, l'innovation porte sur le mode de rémunération des professionnels grâce à un forfait dont le montant – de 135 euros à 465 euros – dépend de l’intensité de l’accompagnement nécessaire.
Patients experts
En appui, l’EMNO s’est doté d’une plateforme dématérialisée d'éducation thérapeutique, sous forme d'ateliers pédagogiques. Une vingtaine de modules, élaborés avec les patients, y sont disponibles. Des quiz permettent d’évaluer les apprentissages. L’objectif est de permettre aux professionnels d’adapter leur prise en charge en fonction de l’évolution des connaissances et des compétences acquises par le patient, de l’orienter vers certains modules ou de procéder à une remédiation. « Si une évaluation n’est pas bonne, le professionnel en sera informé et pourra axer sa consultation présentielle sur telle ou telle problématique », explique Cyril Gauthier. « La démarche de prise en charge repose sur des changements de comportements », ajoute-t-il.
Sur la plateforme en ligne, des patients experts peuvent intervenir, une autre façon de lever certaines barrières qui existent parfois en consultation.
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