Une injection trimestrielle

DMPA, une contraception méconnue

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Publié le 29/01/2018
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Crédit photo : PHANIE

« En France, une grossesse sur trois n’est pas prévue, dont les deux-tiers surviennent sous contraception », a rappelé la Dr Karima Bettahar (Strasbourg). Si la réduction de ces grossesses non prévues (GNP) implique une approche multifactorielle, le recours à des méthodes contraceptives de longue durée d’action constitue une alternative efficace. À mi-chemin des contraceptions de longue durée d’action qui ont été développées (implant sous-cutané à la progestérone, dispositifs intra-utérins, au cuivre et à la progestérone) et des contraceptions de courte durée, l’acétate de médroxyprogestérone (DMPA, pour dépôt medroxyprogesterone acetate) apparaît comme une stratégie intéressante pour réduire le nombre de GNP.

Ce contraceptif injectable est très largement utilisé dans le monde, notamment dans pays d’Afrique et aux États-Unis, où il a été approuvé par la Food and drug administration (FDA) en 1992 pour la voie intra-musculaire (IM), puis en 2004 pour sa présentation en injection sous-cutanée (SC). Toutefois, la publication de données sur de potentiels effets indésirables (réduction de la masse osseuse et augmentation du risque de transmission du VIH) a depuis conduit la FDA à émettre certaines réserves sur son utilisation, ce qui s’est traduit par un frein à sa prescription.

En France, le DMPA, dans le cadre de la contraception, n’est proposé que sous la forme injectable par voie intra-musculaire, avec l’indication de « contraceptif de longue dure d’action (3 mois) lorsqu’il n’est pas possible d’utiliser d’autres méthodes contraceptives ». Il reste très peu utilisé, en partie parce qu’il est mal connu.

Une efficacité incontestable

Son efficacité est l’une des meilleures de toutes les méthodes de contraception, avec un indice de Pearl de 0,3 % lorsque son utilisation est correcte et régulière, et de 2 % en utilisation courante, à comparer à 0,3 % et 8 % respectivement avec les pilules estroprogestatives.

Aucun effet indésirable grave n’a été rapporté dans toutes les études réalisées, les principaux effets secondaires étant la modification du profil des saignements (aménorrhée fréquente, spotting) et une prise de poids, estimée en moyenne à 2 kg dans les études récentes.

Concernant l’impact du DMPA sur l’os, les études récentes retrouvent une baisse de la densité minérale osseuse (DMO), mais qui est sans conséquence sur le risque fracturaire et réversible de façon totale ou quasi-totale à l’arrêt de la contraception. Le surrisque d’acquisition du VIH a été estimé à 1,4 dans la méta-analyse de Chelsea en 2016, et fait l’objet d’une évaluation dans l’étude ECHO, dont les résultats sont attendus en 2019. Cette étude, menée en Afrique, va comparer trois types de contraception chez 7 800 femmes qui seront suivies pendant 18 mois (DMPA, implant Jadelle et DIU au cuivre).

Pour la Dr Bettahar, la contraception par DMPA peut être proposée en deuxième intention, notamment dans un contexte de post-IVG médicamenteuse, où l’injection peut être faite le même jour sans effet sur le taux de réussite de l’IVG. Cela permet en effet de donner à la femme un temps de réflexion de 3 mois pour choisir sa contraception ultérieure.

D’après la communication du Dr Karima Bettahar, Strasbourg

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9635